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Enquête

UN SITE FAÇONNÉ PAR LE DIALOGUE SOCIAL

Enquête | publié le : 12.06.2012 | LAURENT POILLOT

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UN SITE FAÇONNÉ PAR LE DIALOGUE SOCIAL

Crédit photo LAURENT POILLOT

Le centre de gestion, que l’assureur a déménagé en 2011, devait être conçu en open space. Face aux réticences des salariés, la direction a revu sa copie pour concilier l’activité avec la qualité de vie au travail.

Depuis un an, les 120 salariés du centre de gestion de la Maif de Niort (Deux-Sèvres) se sont approprié des locaux neufs, dont l’atmosphère apaisante contraste avec l’austérité de leur activité de traitement des sinistres, aux enjeux humains et financiers parfois très lourds.

Les deux plateaux, logés dans un bâtiment tout en longueur, à quelques pas du siège social qu’ils ont dû quitter pour céder la place à un nouveau service support, ont été pensés comme une succession d’îlots de rencontre et de bureaux organisés en combi-offices, individuels ou bien aménagés pour deux ou trois personnes. Le cloisonnement des espaces joue sur des effets de transparence colorée, dans des tonalités douces et vitaminées, propices à la concentration.

Cerise sur le gâteau : les gestionnaires ont pu choisir leur emplacement et les collègues auprès de qui ils souhaitaient travailler. Chacun dispose d’un poste attitré. Le mobilier, ergonomique, a été approuvé par le CHSCT et la médecine du travail. Il a été acheté à la Camif Collectivités, ex-filiale de la coopérative historique des adhérents de la mutuelle. La direction ne regrette pas l’investissement global, conséquent, de 1,8 million d’euros.

« Cet aménagement est une réussite, se félicite Didier Avril, directeur des centres de gestion. Je sens que les salariés sont contents d’être là. » Pour lui, les considérations esthétiques retenues ont été primordiales : « La qualité de vie au travail passe par la beauté de l’environnement. Le beau a été un parti pris : beau, dans le sens de lumineux, d’une certaine douceur, d’une facilité de circulation et de quelque chose d’agréable à l’œil en permanence. »

Mais c’est surtout la manière par laquelle le résultat a été obtenu qui le satisfait. Car le projet initial, élaboré en interne par l’équipe de management du centre et la direction de l’immobilier, avait fait l’unanimité contre lui. « Il était prévu de concevoir un open space, commente Didier Avril. Les salariés, habitués aux bureaux individuels, s’en sont fait la représentation d’un call center. » Après une pétition très suivie, la direction constate l’impopularité de sa copie et repart de zéro.

Circulation de l’information

Didier Avril se justifie : « Comme l’activité téléphonique a pris une part importante, nous souhaitions que l’information circule mieux et que les encadrants puissent répondre facilement, en situation, aux collaborateurs ayant un problème à résoudre. »

Il fait alors appel à un prestataire extérieur pour dénouer la situation. Etmos, un cabinet de conseil en immobilier, audite toutes les parties prenantes. Il préconise une alternative, construite à partir de l’expression des besoins des intéressés. À savoir : une combinaison de zones ouvertes et accessibles, voulues par l’encadrement, et d’espaces de travail préservant une certaine intimité, nécessaire, selon les gestionnaires, à l’étude de dossiers ou à des conversations sensibles. Aucune porte aux bureaux, sauf pour les managers. Deux scénarios sont livrés en pâture aux salariés. Celui qu’ils choisissent, à 96 %, a été finalement retenu.

Centre modèle

La direction tire l’enseignement qu’un climat de confiance a pu être rétabli malgré des tensions internes. « Le CHSCT avait fait preuve d’une grande vigilance. Il est devenu le porteur de notre projet », témoigne le DRH Olivier Ruthardt. « Ce centre a été salué comme un modèle d’installation par Arete, le cabinet désigné par les IRP pour les accompagner dans un autre programme, plus vaste, d’évolution de notre organisation sur l’ensemble du réseau. Désormais, il servira de base de réflexion pour l’aménagement des nouvelles entités. »

« Preuve que la lutte paie, commente le syndicaliste CGT Bruno Bonin, membre du CHSCT. Sans rapport de force, nous aurions eu l’open space. La direction a été contrainte de négocier. » La livraison des travaux n’est pas exempte de reproches, selon lui : « Nous n’avons pas pu obtenir que les bureaux soient équipés de portes, or les cloisons vitrées sont conductrices de bruit. » Un désagrément que la direction prétend pourtant avoir évité, grâce à l’emploi de matériaux isolants pour les murs, moquettes et plafonds.

MAIF

• Activité : mutuelle d’assurances.

• Effectif : 6 000 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 3,09 milliards d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT