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« Le bureau va devenir un lieu d’espaces collectifs »

Enquête | publié le : 12.06.2012 | V.L.

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« Le bureau va devenir un lieu d’espaces collectifs »

Crédit photo V.L.

E & E : La profession des services généraux a changé de nom à la fin de l’année 2011, pour évoluer vers « environnement de travail ». À quelles transformations correspond ce changement ?

F. D. : Auparavant, un responsable des services généraux devait fournir un plateau de bureaux ; on lui demande aujourd’hui de doter l’entreprise d’un environnement de travail efficace, on lui attribue la gestion des déplacements des collaborateurs, leur restauration et la recherche de services à la personne adaptés aux besoins des salariés. Il doit désormais penser des solutions d’aménagement plus globales. De plus, avec la montée en puissance du sujet des risques psychosociaux, les directions générales et les DRH se sont de plus en plus souciées du confort des collaborateurs, dont le niveau d’exigence s’est lui aussi accru. Il est significatif de constater que notre profession, qui était souvent reliée aux directions financières et immobilières ou aux secrétariats généraux, est aujourd’hui plus souvent rattachée aux RH. C’est logique : de nombreux sujets que nous traitons sont proches des RH, qu’il s’agisse des conditions de travail au sens large, des politiques de voyage et des véhicules de fonction en tant que complément de la rémunération.

E & C : Quelles leçons ont été tirées de l’aménagement de certains open space qui sont allés à l’encontre de conditions de travail favorables ?

F. D. : Organiser des espaces ouverts, ce n’est pas seulement entasser un certain nombre de collaborateurs dans un minimum de mètres carrés ! Il faut prévoir des matériaux absorbants pour limiter la propagation du bruit et des espaces collaboratifs fermés bien équipés et en nombre suffisant. La tendance à l’implantation d’espaces ouverts va se poursuivre, car le travail se réalise de plus en plus en équipe et en mode projet. La réduction de l’espace individuel au profit de l’espace collectif peut donc sembler logique. Mais si l’on ne fait que réduire l’espace individuel, le résultat sera inconfortable. Or, il n’y a jamais assez d’espaces collectifs. Les mètres carrés coûtent de plus en plus chers et les entreprises continuent à rechercher la diminution des coûts immobiliers.

E & C : D’où peuvent venir les nouvelles marges de manœuvre des entreprises ?

F. D. : C’est en observant l’évolution des nouvelles façons de travailler que l’on peut proposer de nouvelles façons d’aménager l’espace. À cet égard, les technologies ont atteint un niveau de maturité nous permettant de travailler où nous voulons, quand nous voulons. Nous pouvons avoir accès à distance à des espaces partagés, à toute la documentation dont nous avons besoin. En outre, les collaborateurs supportent de moins en moins de gâcher leur temps dans les transports. Ils sont de plus en plus équipés de smartphones et, même si le télétravail officieux se développe plus que l’officiel, des accords sur le sujet se concluent régulièrement. Ces évolutions poussent à revisiter l’usage du bureau. Il va devenir le lieu où l’on rencontre ses collègues, donc le lieu d’espaces collectifs. On observe que les bureaux sont inoccupés 40 % du temps, pour cause de réunions, de déplacements, de formations, de congés, etc. Encore minoritaire, la mutualisation des postes de travail séduit certaines entreprises. Elle aboutit non pas à une baisse de la surface attribuée aux postes individuels mais à une baisse du nombre de postes de travail au profit d’espaces collectifs.

E & C : N’est-ce pas contradictoire de déposséder un salarié de son poste de travail et de vouloir, en parallèle, améliorer son bien-être au travail ?

F. D. : Il existe de bons espaces mutualisés et de moins bons. Si ce choix est dicté par un objectif unique de réduction des coûts et de récupération de la surface, le collaborateur aura le sentiment d’être dépouillé de quelque chose sans contrepartie. Or l’entreprise peut apporter une contrepartie, notamment la faculté de télétravailler, y compris pour des métiers sédentaires. Les directions générales ne mesurent pas assez que, si les collaborateurs sont plus heureux, ils seront plus performants. Le développement du télétravail se heurte au frein managérial.

Auteur

  • V.L.