L’écart se creuse dramatiquement entre les attentes dont on investit le travail et la réalité professionnelle. La valeur travail reste forte en France, mais les salariés n’en finissent plus de se plaindre de la dégradation de leurs conditions de travail, et les chômeurs des difficultés à intégrer un emploi, surtout pérenne.

Sous la direction de Nathalie Goedert, historienne du droit à l’université Paris-Sud, une équipe pluridisciplinaire de psychologues, historiens, sociologues et économistes revient sur la valeur travail et sa perversion dans une société devenue hyperactive, qui sollicite les individus au travail souvent au-delà de leurs forces.

Marie Pezé, notamment, parle de ces « athlètes de la quantité » que sont devenus les salariés, tandis que Louis Schweitzer explique comment une société majoritairement hostile aux discriminations continue à discriminer au plan professionnel des millions de personnes, que ce soit par une exclusion de l’emploi ou un salaire inférieur à celui des collègues à compétences égales.

Robert Castel alerte sur le danger de désocialisation que représentent le chômage et les emplois précaires, dans la mesure où l’emploi est un élément majeur de la reconnaissance sociale. François Doubin, ancien ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation, met quant à lui l’accent sur le gâchis que représente pour tous la relégation en citoyens de seconde zone des personnes à la retraite, une fois terminée leur vie professionnelle. Entre autres.

Le travail : souffrance ou plaisir ?

Sous la direction de Nathalie Goedert, L’Harmattan, 206 pages, 20 euros.