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MONTPELLIER AGGLOMÉRATION RÉDUIT LES ACCIDENTS DE SES ÉBOUEURS

Pratiques | publié le : 05.06.2012 | S. D. F.

Depuis 2007, la régie de collecte des déchets de l’agglomération de Montpellier a engagé une démarche de prévention des risques professionnels, dont le bilan est positif. Mais des efforts restent à faire pour réduire les TMS.

En quatre ans, la régie de collecte des déchets de l’agglomération de Montpellier, qui emploie 80 agents, est parvenue à réduire fortement la fréquence et la gravité de ses accidents de travail. Après le pic de 1 385 jours d’arrêt liés aux accidents de service en 2008, la courbe s’est affaissée, variant entre 224 et 368 jours d’arrêt par an entre 2009 et 2011. Des résultats d’autant plus remarquables que la filière de collecte des déchets est particulièrement exposée : en moyenne, en France, 1 salarié sur 8 est accidenté chaque année et la gravité des accidents est très élevée.*

La démarche a d’abord consisté à associer étroitement qualité et sécurité. Après avoir établi en 2007 son document unique, la régie a obtenu en avril 2009 la certification ISO 9001, qui a donné une première impulsion décisive à la réduction des risques professionnels.

Cette norme exige non seulement le renouvellement de la flotte de véhicules et la maintenance rigoureuse des matériels, mais aussi de donner la priorité à la satisfaction des usagers plutôt qu’au “fini-parti”, principe en vigueur dans ce secteur, selon lequel la journée de travail peut se terminer à la fin de la collecte. « Cela a valorisé nos agents. Ils ont eu par exemple pour consigne de prendre le temps de remettre les bacs à leur place », explique Yann Even, responsable de la régie. Il a également pris des mesures pour instaurer une « culture de la sécurité », avec l’aide du responsable hygiène et sécurité de la régie, du cabinet conseil Ei Groupe, de la médecine du travail et du CHS de l’agglomération de Montpellier.

L’accent a été mis sur la formation, celle des managers de proximité chargés de mettre en œuvre la prévention des risques, et celle de l’ensemble du personnel. Aujourd’hui, 62 agents sont sauveteurs secouristes du travail et 79 ont suivi la formation gestes et postures. Autre mesure essentielle : les managers assurent un accueil sécurité destiné aux nouveaux arrivants, en particulier aux vacataires. L’objectif est d’inculquer les règles de prévention grâce à une vidéo, suivie d’une mise en situation et de la remise d’un livret sous forme de bande dessinée. Enfin, au port d’un équipement de protection individuelle s’est ajoutée depuis peu la prise en charge par la régie du lavage quotidien des tenues de travail.

Utiliser les lève-conteneurs

Reste un point faible : « Les agents utilisent les lève-conteneurs beaucoup moins souvent qu’ils ne pourraient le faire », observe Éric Thomas, consultant à Ei Groupe. Accrocher les bacs au lève-conteneurs de la benne plutôt que de les porter à bout de bras, cela permet d’éviter ce qui constitue aujourd’hui « le principal danger : les troubles musculo-squelettiques liés à la manutention fréquente de charges et aux gestes répétitifs », selon Marie-Laure Hemery, médecin du travail à Ametra (association de médecine du travail), chargée de la surveillance médicale renforcée des agents.

Démarche participative

Outre une maladie professionnelle constatée il y a deux ans, « il est arrivé qu’on demande des aménagements de poste ou des reclassements sur d’autres postes », indique le Dr Hemery. Mais utiliser les lève-conteneurs, cela signifie ralentir la cadence et quitter le travail plus tard. « Il manque une démarche participative. Il n’y a que des décisions verticales qui arrivent du haut de la hiérarchie, dénonce Laurence Doladille, élue FO, membre du CHS et formatrice Prap (prévention des risques liés à l’activité physique). Les agents considèrent le fini-parti comme une contrepartie à la rudesse de leur travail. Il faudrait les impliquer dans ces enjeux pour leur santé, les aider à faire émerger eux-mêmes des solutions. »

* Source : Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

Auteur

  • S. D. F.