logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

UN TUTORAT INTÉGRÉ AU SYSTÈME QUALITÉ

Enquête | publié le : 05.06.2012 | LAURENT POILLOT

Cet équipementier des industries de l’énergie forme systématiquement les salariés seniors appelés à transmettre leurs connaissances.

Depuis bientôt quatre ans, les formations tutorales réalisées par des salariés seniors montent d’un cran chez ClydeUnion. De quatre stagiaires en 2009, l’entreprise est passée à dix à chaque nouvel exercice. Le dispositif, rodé, est surtout très formalisé : l’établissement l’a inscrit dans son système qualité. Normal, fait savoir la direction, pour une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de pompes centrifuges, produits uniques à destination du secteur pétrolier et nucléaire. « Nous avons intégré le tutorat à nos processus industriels, explique la DRH Odile Gisclard. Des clients comme EDF et Areva veulent savoir comment nous maintenons et transférons nos compétences. » Une spécificité rappelée aussi par les représentants des salariés, qui font valoir le profil « très spécialisé » de tous les personnels de production.

Tout volontaire pour accompagner un salarié s’engage d’abord à consommer son DIF (hors temps de travail) afin d’accomplir une formation de deux jours et demi, intra-entreprise, élaborée conjointement par la DRH et l’organisme Afpi-Etudoc. Au programme, quatre modules centrés sur l’approche relationnelle de la transmission. Notamment : développer ses aptitudes pédagogiques, adapter sa communication à son interlocuteur, apprendre à lui faire restituer son expérience. Une demi-journée supplémentaire de partage d’expérience vient clôturer l’action.

Polyvalence

ClydeUnion offre une prime de 500 euros pour susciter le volontariat. Car le projet ne se limite pas à savoir accueillir des stagiaires ou alternants. Il vise à réussir l’intégration de tout nouvel arrivant à son poste – ce qui s’applique aussi à des collègues appelés à se succéder – ou encore à transmettre à des ingénieurs les connaissances de techniciens aguerris. « Le dispositif permet de créer des combinaisons de compétences intéressantes, commente la DRH. Cela contribue à la polyvalence, tout en permettant de préserver la culture de l’entreprise. » Selon les transferts de compétences à opérer, les “recoupements” durent de trois à dix-huit mois. Des périodes longues qui obligent la DRH à anticiper longtemps à l’avance la constitution des binômes. Une cinquantaine aurait été programmée.

Renouvellement des effectifs

« L’activité est en croissance forte, tandis que dans le même temps, nous devons faire face à des départs naturels très importants, de l’ordre de 25 % de l’effectif », explique Odile Gisclard. « Notre programme de tutorat est un axe essentiel du plan seniors, que toutes les organisations syndicales ont signé en 2009. » Le business plan, à l’époque, visait une augmentation de 50 % du chiffre d’affaires jusqu’en 2012 avec, pour corollaire, le renouvellement des effectifs dans les mêmes proportions.

À la CGT, Jean-Jacques Vigne reproche à l’organisation du tutorat un excès de formalisme. « La pratique de la transmission fait partie de la culture ouvrière, affirme ce délégué syndical. Les plus expérimentés ont toujours veillé sur les plus jeunes, sans chercher à être rétribués spécialement pour cela. » S’il a signé l’accord seniors de 2009, c’est d’abord pour les congés de fin de carrière, qui permettent aux salariés de cumuler de 9 à 27 jours supplémentaires par an à partir de 57 ans.

CLYDEUNION

• Activité : conception et fabrication de systèmes de pompage pour l’industrie de l’énergie.

• Effectif : 323 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 70 millions d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT