L’entreprise à la pomme cultive le secret à une époque où l’on prône la transparence des affaires : fonctionnement autarcique en externe et cloisonnement des projets en interne. Bien souvent, on ignore dans une équipe à quoi sont occupés les membres de l’équipe voisine. Apple est dirigé selon un modèle autoritaire d’obéissance quand la mode est au management participatif.

La firme californienne fonctionne sur le principe d’une mise sous pression constante des salariés quand l’époque, justement, tend à dénoncer cette gestion par le stress. Elle est obsédée par le perfectionnisme qui implique de repenser sans fin le moindre détail quand la logique de marché oblige à aller toujours plus vite. Elle se montre chiche en dividendes pour ses actionnaires quand le capitalisme financier est la règle. Ce géant de la technologie, dont la valorisation boursière a dépassé 500 milliards de dollars en mars 2012, continue à fonctionner comme une start-up où le talent prime sur toute autre considération humaine.

Adam Lashinsky, journaliste américain, explique comment, du vivant de Steve Jobs, a grandi cette incroyable machine à succès. Il s’interroge sur sa capacité à entretenir, après la disparition du leader, l’alchimie humaine et technologique de cette réussite qui a transformé les clients d’Apple en aficionados. L’analyse de l’auteur est d’autant plus méritoire qu’Apple a refusé que ses cadres ou d’autres salariés acceptent la moindre interview. Pour mener à bien son enquête, il a dû se tourner vers d’anciens salariés et partenaires qui, pour certains, n’ont accepté de témoigner que sous couvert d’anonymat. Comme si le mystère faisait partie de l’essence même de cette firme hors normes.

Inside Apple

Adam Lashinsky, Dunod, 250 pages, 16 euros.