Un soupçon des qualités prêtées aux femmes, un zeste de celles attribuées aux hommes : voilà la recette du manager idéal composée par les 1 200 managers (hommes et femmes) qu’IMS-Entreprendre pour la cité a questionnés dans le cadre d’une étude sur “les stéréotypes sur le genre”. L’association a confié à Patrick Scharnitzky, docteur en psychologie sociale, le soin d’interroger, par questionnaire ou en entretien, des managers dans neuf entreprises* adhérentes à IMS. Le but était d’identifier les stéréotypes sur les femmes et sur les hommes au travail, et de mesurer l’efficacité des actions des entreprises pour les déconstruire. De cette étude, présentée le 24 mai, il ressort notamment que les hommes ont une image positive des femmes… tant qu’elles restent à un niveau hiérarchique inférieur. Lorsqu’elles montent, « elles deviennent des concurrentes », explique Patrick Scharnitzky. À l’inverse, les femmes ont un avis négatif sur les hommes : 57,5 % estiment par exemple que leur supérieur hiérarchique favorise les hommes pour les postes à responsabilité. C’est un « mécanisme de défense », explique le psychologue.

Les hommes (44 %) comme les femmes (51 %) attribuent des compétences professionnelles à chaque sexe ; 29 % pensent même que les compétences sont génétiques. L’homme serait un “leader”, doué pour l’action et la négociation, et doté de charisme. La femme, “assistante”, serait plus à l’écoute et dans l’empathie, avec le sens du détail et de l’organisation. Ce « modèle archaïque, qui marchait dans les années 1950 », dixit Patrick Scharnitzky, serait désespérant si le manager idéal n’était, selon les personnes interrogées, capable de conjuguer les qualités de relation, d’empathie et d’écoute, d’une part, de charisme, de leadership et d’impartialité, d’autre part.

Le guide pratique qu’IMS publie dans la foulée de l’étude conseille donc aux entreprises de communiquer sur les compétences androgynes attendues à des postes de manager et, lorsque des femmes occupent ces postes, de les mettre en avant pour qu’elles servent de modèles aux autres femmes.

Plus classiquement, le guide préconise de travailler sur l’équilibre des temps, de mettre en place un système plus neutre de détection des hauts potentiels, d’agir en faveur de la parentalité masculine, de faire du mentoring… Un environnement mixte et non discriminant contribuant à réduire les stéréotypes, à améliorer l’image que les femmes ont d’elles-mêmes, et in fine à augmenter la performance de l’entreprise.