logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

LES DRH NE VOIENT PAS L’AVENIR EN ROSE

Enquête | publié le : 22.05.2012 | EMMANUEL FRANCK

Image

LES DRH NE VOIENT PAS L’AVENIR EN ROSE

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

Interrogés dans le cadre de notre baromètre exclusif Défis RH 2012, les DRH sont pessimistes sur les perspectives de leur entreprise en matière d’emploi et de salaires. Les analyses divergent sur la possibilité que la situation dégénère en conflit.

Il n’y aura pas d’état de grâce pour François Hollande, à en croire les DRH. Sondés par Inergie avant l’élection, dans le cadre du baromètre Défis RH 2012 réalisé en exclusivité pour Entreprise & Carrières et l’ANDRH, ces derniers « anticipent le retour des ennuis », observe Luc Vidal, directeur général adjoint d’Inergie. La victoire du candidat socialiste, dont ils apprécient les propositions consensuelles (lire l’encadré p. 22), n’y est pour rien : c’est le contexte économique et le climat social de leur entreprise pour les mois à venir qui les rend moroses. Pour l’heure, les DRH estiment que tout ne va encore pas trop mal : le contexte économique a un peu moins d’incidences que l’année dernière sur l’activité de l’entreprise (68 % ; - 7 points) ; les réorganisations, les gels des embauches et des salaires et les conflits sociaux restent stables ; la proportion de DRH ayant eu à conduire des PSE a même baissé (de 16 % à 5 %).

Dégradation du climat social

Mais l’avenir est incertain. Les DRH sont certes toujours majoritairement confiants dans la santé économique de leur entreprise (74 %) et de leur secteur, mais moins que lors de notre baromètre 2011 (- 5 points). Idem s’agissant du climat social : 35 % des DRH pensent qu’il va se dégrader dans leur entreprise (29 % l’année dernière), tandis qu’ils sont de moins en moins nombreux à croire qu’il va s’améliorer (19 % contre 27 % en 2011). « Les incidences de la crise économique et des mesures d’austérité vont maintenant se faire sentir », estime Michèle Gilabert-Rescourio, directrice de projets à Entreprise & Personnel, dont elle a corédigé la dernière note de conjoncture, parue en octobre. Très pessimiste, cette note intitulée “L’attente” (…des élections, des conséquences de la crise, des mesures d’austérité) envisageait une remise en cause de notre socle de protection sociale sous l’effet de la crise économique et se demandait jusqu’à quel point le corps social pouvait l’accepter. Les auteurs expliquaient également que, jusqu’à l’élection présidentielle, il y aurait peu de plans sociaux, mais qu’ensuite…

Notre baromètre va dans le même sens. Dans le domaine de l’emploi, tous les indicateurs pour 2012 sont à la baisse. Plus de la moitié des DRH pensent qu’ils devront procéder à une réorganisation ; un tiers qu’ils devront geler les embauches (+ 4 points) ; 28 % qu’ils feront appel à de l’intérim (- 9 points) ; 27 % qu’ils feront un plan de recrutement (- 4 points) et 9 % un PSE (+ 4 points). Par ailleurs, 7 % prévoient du chômage technique ou partiel. Leur pessimisme rejoint d’ailleurs celui des salariés et des syndicats « qui, le 1er mai, ont beaucoup défilé pour l’emploi », note Michèle Gilabert-Rescourio. Selon elle, les salaires seront également source de tension. C’était déjà le cas pour les précédentes NAO, dont « la majorité se sont traduites par des conflits ».

Prime de partage des profits trop tardive

Il est vrai que l’irruption dans le paysage de la prime de partage des profits n’a rien arrangé. Les annonces du gouvernement précédent ont fait espérer aux salariés qu’ils pourraient percevoir une prime de 1 000 euros ; en fait, la moitié des entreprises que nous avons interrogées a versé moins de 200 euros. « La prime est arrivée trop tard, explique Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH et DRH France de Rhodia. La loi a été promulguée en juillet, or, à ce moment-là, les entreprises avaient déjà fait leurs grands choix budgétaires : la prime n’était donc pas provisionnée, elle ne pouvait être que d’un faible montant. Il faudra voir comment elle fonctionne en vitesse de croisière. »

À ce titre, 2012 pourrait donc être placée sous de meilleurs auspices que 2011, qui était une année exceptionnelle en raison de la mise en place de cette prime de partage des profits. Sauf que près d’un quart des DRH prévoient un gel des salaires dans les mois qui viennent. Et que, dans le même temps, ils sont plus nombreux à anticiper un conflit social (18 %, + 4 points). Comme lors des NAO de 2011, « il y aura des conflits sur les salaires car les entreprises vont vouloir tenir bon », prévient Michèle Gilabert-Rescourio.

De fait, parmi les DRH qui craignent un conflit, les trois quarts pensent qu’il portera sur ce point, indique notre baromètre. Plus optimiste, Jean-Christophe Sciberras estime qu’avec cette réponse, « les DRH ont évalué la sensibilité de la question salariale début 2012. Or, au moment où ils se prononcent, l’inflation, les perspectives d’inflation et le prix de l’essence sont à la hausse, ils anticipent donc une poussée de revendications salariales ; mais, d’un autre côté, 2012 n’est pas une année de sortie de crise, ce qui modérera les revendications ».

L’ESSENTIEL

1 Les DRH sont pessimistes sur les perspectives de leur entreprise en matière d’emploi et de salaire au cours des mois à venir, selon notre baromètre exclusif Défis RH 2012-ANDRH-Inergie-Entreprise & Carrières.

2 Ils se mobilisent en priorité sur le dialogue social, la GPEC, les rémunérations et la fidélisation des talents. Les questions poussées par les pouvoirs publics (risques psychosociaux, pénibilité, égalité, alternance…) ne viennent qu’ensuite.

3 Les DRH ont largement recours aux ruptures conventionnelles. Mais celles-ci sont le plus souvent demandées par les salariés.

Être DRH en 2012, c’est…

→ Être membre du codir (à 73 %).

→ Être en soutien des managers (94 %, + 5).

→ Être en soutien des salariés (83 %, + 5).

→ Être associé à la stratégie de l’entreprise (78 %, - 1).

→ Être écouté par la DG (77 %, stable).

→ Réagir aux contraintes légales (58 %, + 2).

→ Réagir aux contraintes économiques (49 %, - 4).

→ Réagir aux risques de perte des talents (48 %).

→ Penser que les pénalités sociales – seniors, égalité et pénibilité – ne sont pas efficaces (58 %, - 8).

Fiche technique

→ Le baromètre Défis RH 2012 a été réalisé à partir d’un questionnaire mis en ligne auprès des adhérents de l’ANDRH entre les 13 et 30 mars 2012 ?: 213 personnes ont répondu, aux deux tiers des DRH, et pour un tiers des RRH. 57 % viennent des services, 40 % de l’industrie et 3 % de l’administration.

46 % travaillent dans une entreprise employant moins de 500 salariés ; 17 % dans une entreprise de 500 à 1 000 salariés ; 7 % dans une entreprise de 1 000 à 2 000 salariés et 30 % dans une entreprise de plus de 2 000 salariés.

Les DRH ne craignent pas le programme de François Hollande

Parmi les propositions des candidats à l’élection présidentielle concernant le travail et l’entreprise, celles de François Hollande suscitent une approbation teintée d’indifférence de la part des DRH (lire également Entreprise & Carrières n° 1092).

Le label social pour les entreprises est jugé pertinent par la moitié des DRH, mais 42 % pensent qu’il sera sans conséquence particulière. Le contrat de génération, proposition phare du président, est approuvé par 45 % des DRH, toutefois, 35 % ne lui voient pas d’utilité. Même manque de réaction s’agissant de la participation des salariés au conseil d’administration : 39 % approuvent ; 36 % n’en voient pas l’intérêt. En revanche, 51 % sont contre un retour à la retraite à 60 ans pour les salariés ayant tous leurs trimestres de cotisation.

EF

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK