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DES SIGNES ENCOURAGEANTS

Enquête | publié le : 22.05.2012 | E. F.

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DES SIGNES ENCOURAGEANTS

Crédit photo E. F.

Les DRH déclarent recruter davantage de seniors et recourir moins souvent à des mesures d’âge. Les statistiques nationales confirment qu’après plusieurs années de réformes, l’emploi des seniors s’améliore enfin. Pourtant, les entreprises n’ont toujours pas réalisé leur révolution culturelle.

Lorsqu’en 2011 nous avions interrogé les DRH sur leur politique d’emploi des seniors, dans le cadre de notre baromètre Défis RH, ils avaient envoyé des signaux contradictoires : ils embauchaient davantage de salariés âgés qu’auparavant, mais, dans le même temps, ils en licenciaient beaucoup. Les conclusions de notre baromètre Défis RH 2012 sont nettement plus univoques et encourageantes.

Parmi les entreprises qui ont recruté au cours de l’année passée, 33 % ont embauché une part significative (plus de 5 % des recrutements) de salariés âgés de plus de 50 ans. C’est 7 points de plus que lors de notre précédent baromètre (26 %) et deux fois plus que l’année d’avant (15 %). Parallèlement, les seniors sont moins souvent concernés par les réductions d’effectifs. En effet, parmi les DRH qui ont eu à gérer cette situation, 66 % déclarent n’avoir recouru à aucune mesure d’âge (50 % dans notre précédent baromètre). Les entreprises ont donc davantage embauché et moins licencié de seniors.

« Cela ne m’étonne pas, déclare Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH et DRH France de Rhodia. Même si peu d’accords seniors prévoyaient des embauches, il s’est tout de même produit un mouvement et une prise de conscience de l’apport des seniors. Quant aux mesures d’âge, elles sont effectivement moins utilisées qu’auparavant : les préretraites sont devenues marginales, alors qu’il y a quelques années, elles étaient un élément de culture partagé entre les directions, les syndicats et les salariés. » Michèle Gilabert-Rescourio, directrice de projets à Entreprise & Personnel, est beaucoup plus circonspecte sur les vertus des entreprises : « Concrètement, elles ne font pas grand-chose pour les seniors », constate-elle.

Un taux d’emploi en progression

Les statistiques semblent donner raison à Jean-Christophe Sciberras. Sous l’impulsion des pouvoirs publics (décalage de l’âge légal de retraite, fin de la dispense de recherche d’emploi pour les plus de 58 ans, fin des préretraites publiques et forte taxation des préretraites d’entreprise, décalage de la mise à la retraite d’office à 70 ans, surcotes, cumul emploi-retraite), et malgré la fin de la contribution Delalande, l’emploi des seniors a fini par s’améliorer. En effet, le taux d’emploi sous-jacent (une fois neutralisé l’effet cohorte des papy-boomers) des 55-64 ans a progressé ces dernières années : 32,9 % en 2003 ; 39,1 % en 2010, et 41,3 % en 2011, selon une étude de la Dares de mars 2012. Mais la révolution culturelle des entreprises est encore à démontrer : les CDD seniors n’ont jamais été utilisés et la plupart des négociations sur les seniors ont abouti à des plans d’actions ou des accords de pure forme, peu d’entreprises ayant traduit ces engagements dans les faits. Ce qui donne cette fois raison à Michèle Gilabert-Rescourio. Au final, si davantage de seniors travaillent, ils le doivent à leur adaptation aux nouvelles règles plus qu’à leur employeur.

FORTE DÉMOBILISATION SUR LE THÈME DES SENIORS

Les bons résultats sur le front de l’emploi des seniors coïncident avec une très forte démobilisation des DRH sur le sujet. Ces derniers l’ont placé en queue de peloton : 8 % se mobilisent sur la question, contre 29 % l’année dernière (lire également p. 22). Le paradoxe n’est qu’apparent. Outre le fait qu’elles ont déjà accumulé de l’expérience sur le sujet, « les entreprises sont dans la mise en œuvre des accords qu’elles ont négociés à partir de 2009 pour une durée de trois ans. Fin 2012, l’emploi des seniors fera de nouveau partie de leurs préoccupations », prédit Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH et DRH France de Rhodia.

EF

Graphes : 18 p. 22, et 20 p. 23.

Auteur

  • E. F.