Tout a été dit ou presque sur la réforme des retraites de 2010. Tout, même parfois son contraire : la nécessité de travailler plus longtemps lorsque l’espérance de vie augmente, l’absurdité de vouloir prolonger la durée de travail des seniors quand les jeunes peinent à accéder à l’emploi, le risque de voir transférer les dépenses de l’assurance vieillesse vers celles de l’assurance chômage… La seule chose qui a été oubliée, selon Rodolphe Delacroix, c’est d’expliquer comment faire coïncider le nécessaire et le possible. Comment faire en sorte que la nécessité économique de préserver le régime des retraites corresponde à une analyse réaliste de la situation et des perspectives d’emploi des seniors. Fort de son expérience de consultant spécialisé en RH et conduite du changement, l’auteur s’attelle à combler ce hiatus en expliquant ce qui pourrait fonctionner, car cela marche ailleurs, notamment dans les pays ayant un modèle social avancé, comme la Suède. Le paradoxe sur lequel il revient est le risque de voir les mesures de discrimination positive en faveur des seniors se retourner contre eux en augmentant la stigmatisation dont ils sont l’objet au travail. Si des mesures antidiscriminatoires sont indispensables dans un premier temps, elles ne doivent être que transitoires. Il est nécessaire au contraire de passer d’une gestion par des mesures d’âge à celle de la diversité des âges, qui permet d’aborder le problème de l’emploi très en amont des 55 ans. Après être revenu sur un certain nombre de préjugés solidement ancrés, notamment sur celui de seniors moins performants que les plus jeunes, moins impliqués et non rentables pour l’entreprise, l’auteur rappelle que le talent n’a pas d’âge, à condition qu’on s’applique à l’entretenir…

Si senior !

Rodolphe Delacroix, éd. Lignes de Repères, 132 pages, 15 euros.