logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

Les femmes d’abord

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 02.05.2012 | FRÉDÉRIC BRILLET

Si le télétravail concerne désormais 1 000 salariés de Renault, qui a ouvert cette pratique à la moitié de son effectif, les femmes demeurent surreprésentées dans un mode d’organisation qui contribue à un meilleur équilibre entre la vie familiale et la vie professionnelle.

Concepteur fonction diagnostic PEV (process électronique véhicule) à la direction de l’ingénierie véhicule, Laetitia Fauconnier télétravaille depuis son domicile deux jours par semaine depuis 2008. « Moins sollicitée, je peux davantage me concentrer et suis finalement plus productive pour l’entreprise. Ce choix professionnel ne m’a par ailleurs pas empêchée d’évoluer. Au fil des ans, les mentalités ont progressé et le télétravail est perçu de façon nettement plus positive que par le passé », constate cette cadre.

Laetitia Fauconnier n’est pas la seule à s’y être convertie, puisque Renault vient de passer le cap des 1 000 télétravailleurs en France, soit 4 % de l’effectif éligible à cette pratique. « Sachant que le télétravail constitue un changement important qui demande de l’accompagnement, nous considérons ce chiffre comme satisfaisant », commente Éric Couté, responsable corporate télétravail chez Renault.

Une grande souplesse prévue par l’accord

Le constructeur engrange les fruits de l’accord signé il y a cinq ans avec quatre syndicats sur cinq (à l’exception de la CGT, qui s’y est ralliée depuis) ouvrant le télétravail en France à 23 000 salariés, soit presque la moitié de l’effectif hexagonal (55 000). Un accord qui donne une grande souplesse aux parties prenantes : le postulant négocie entre un et quatre jours pleins de travail à domicile avec son manager, qui tient compte des exigences du service. Le dispositif prévoit une prise en charge partielle par l’employeur de l’abonnement ADSL, à raison d’une dizaine d’euros par mois, et la possibilité de revenir en arrière ; mais la chose est rare, ce qui prouve que le système satisfait les usagers. Et pour cause, « l’enjeu est de permettre un meilleur équilibre entre la vie personnelle et professionnelle », rappelle Éric Couté. Outre cet accord, l’évolution de la technologie (démocratisation du haut débit) et l’essor du management par objectif (qui incite les responsables d’équipe à se soucier plus du résultat que du temps de présence) ont contribué à faire décoller le télétravail.

Le phénomène se fait particulièrement sentir en Île-de-France, où 6 % de la population éligible travaille déjà à distance au moins un jour par semaine. Le succès rencontré dans cette région tient à deux causes. D’abord, c’est là que Renault concentre le plus d’emplois tertiaires de haut niveau, plus propices au télétravail que ceux rattachés à la production industrielle. Car au-delà des possibilités pratiques, certaines tâches inhérentes à ces emplois tertiaires requièrent une concentration élevée. Or un cadre à son bureau est « dérangé » toutes les six minutes par mail, SMS, téléphone ou par un collègue, selon Yves Lasfargue, chercheur et directeur de l’Obergo (Observatoire des conditions de travail et de l’ergostressie). Enfin et surtout, l’Île-de-France se singularise par des temps de transport qui incitent davantage les salariés à travailler depuis leur domicile.

Au niveau national, Renault a mené une enquête sur ses télétravailleurs, qui met d’abord en évidence sa large diffusion dans 258 fonctions et métiers. Reste qu’un fort déséquilibre perdure entre les sexes. Parmi les adeptes du télétravail, le constructeur compte 52 % d’hommes et 48 % de femmes, mais ces dernières ne représentent que 20 % de la population éligible. En outre, les jours les plus demandés sont le mercredi, jour des enfants (37 % des demandes) et le vendredi (52 %). L’âge moyen de passage au télétravail à domicile (42 ans et demi) montre que les salariés s’y convertissent une fois qu’ils se sentent bien intégrés dans l’entreprise.

Une ou deux journées par semaine

Sans surprise, les cadres télétravailleurs (46 %) sont surreprésentés par rapport aux employés et aux techniciens (54 %), plus souvent astreints à une présence physique.

À noter enfin que 38 % des télétravailleurs ont opté pour une journée par semaine, 45 % pour deux jours, 13,5 % pour trois jours et 3,5 % pour quatre jours : une répartition qui suggère que la plupart des télétravailleurs tiennent à passer plus de 50 % de leur temps au bureau pour préserver la convivialité des liens avec leurs collègues.

TÉLÉTRAVAIL, SUIVEZ LE GUIDE

Renault a mis en place un guide préparatoire pour accompagner les salariés dans leur projet de télétravail, de l’idée jusqu’à la concrétisation (en moyenne deux mois). Ce guide propose, entre autres, de mesurer l’intention et la faisabilité en fonction de son type d’emploi, des possibilités d’aménagement à domicile, des contraintes familiales et professionnelles. Il comprend un module d’e-learning pour acquérir les compétences informatiques nécessaires et sert de base d’échange avec les managers directs, qui valident la démarche. Pour aider ces derniers à organiser le télétravail dans leur équipe, Renault a publié un second guide intitulé « Manager de télétravailleur ».

La fluidité et l’ergonomie des nouveaux outils collaboratifs contribuent également à lever les réticences des responsables. Ainsi Christian Haranger, chef d’équipe pour l’éclairage à la direction de l’ingénierie véhicule, peut organiser sa réunion d’équipe le lundi, jour où deux de ses collaborateurs télétravaillent. Grâce à des webcams installées de part et d’autre, tous les membres de l’équipe peuvent se voir et se parler simultanément.

Auteur

  • FRÉDÉRIC BRILLET