Dix-huit mois entre deux réorganisations, 1 minute 50 pour délivrer un recommandé… Pour certains de ses agents, le temps de La Poste, tout juste transformée en société anonyme, s’est accéléré au point qu’ils ne reconnaissent pas le service public au sein duquel ils avaient signé. Ils vivent mal la réduction des effectifs, la réorganisation des bureaux, le recours à la sous-traitance… Deux récents suicides de postiers sur leur lieu de travail tiennent-il à ces bouleversements ? Enquête judiciaire et expertise sont en cours, mais la direction a déjà ouvert un « grand dialogue » sur les conditions de travail.

Dans nombre d’entreprises publiques, les progrès technologiques autant que l’ouverture à la concurrence justifient cette mutation.

Mais, faute de l’avoir préparée de manière progressive et concertée, les directions prennent le risque de voir se confronter deux cultures : celle des dirigeants, visant des objectifs économiques et financiers, et celle d’un corps social soucieux d’abord du maintien de la qualité du service public.

Une distorsion que France Télécom période Didier Lombard a payé cher. Bruno Mettling, le DRH arrivé avec le nouveau Pdg Stéphane Richard, parle aujourd’hui de « remettre l’humain au coeur du projet ». Formule qui ailleurs, à force d’être entendue, semble un gimmick du discours managérial convenu. Pas dans cette entreprise qui panse ses plaies.