« L’objectif est que des entreprises du même territoire travaillent ensemble sur les ressources humaines, de manière à faire émerger des problématiques puis des solutions communes », explique Alix Pavie-Jonca, chargée de mission formation et emploi à la Fédération régionale des coopératives agricoles (FRCA) du Languedoc-Roussillon. Cette organisation professionnelle a lancé, en mars dernier, une opération de gestion territoriale des emplois et des compétences (GTEC) dans les Pyrénées-Orientales, après l’avoir expérimentée une première fois en 2009-2010 dans l’Aude.

Sous l’impulsion de l’État, qui a signé en 2007 un engagement de développement des emplois et des compétences avec la FRCA, celle-ci a fait de la GTEC un mode opératoire privilégié. Le premier objectif est d’apporter des solutions communes et locales aux difficultés des entreprises, mais il s’agit aussi par ce biais « de les sensibiliser à la GPEC et de sécuriser les parcours professionnels », relève Alain Djaffo, conseiller formation d’Opcalim, organisme paritaire collecteur agréé des secteurs de l’agroalimentaire et de la coopération agricole, qui soutient et accompagne ces actions.

C’est ainsi que dans l’ouest ­audois, en 2009-2010, huit coopératives agricoles, viticoles et entreprises agroalimentaires, de tailles très diverses, se sont réunies pour échanger sur les questions RH, après avoir bénéficié chacune d’un diagnostic d’une journée. Pour créer une dynamique, la FRCA s’est appuyée sur une étude prospec-tive du ­territoire menée en parallèle, et sur un groupement coopératif dynamique, Arterris, engagé dans une démarche d’amélioration de sa gestion des ressources humaines (avec le label Investors in people). Cependant, des entreprises n’ont pas caché leurs réticences à dévoiler leurs pratiques et leurs difficultés. « Certaines étaient concurrentes : ce n’est pas facile d’exposer ses questions RH devant des rivales », note Alix Pavie-Jonca.

Au final, la GTEC a permis d’identifier un problème commun : le recrutement de main-d’œuvre qualifiée en haute saison. Et d’aboutir à une solution collective : la création d’un groupement d’employeurs multisectoriel, Gem’Oc, en octobre 2011, pour partager et fidéliser des salariés, ouvriers, conducteurs de machine, mécaniciens, magasiniers…

D’ici à deux ans, Gem’Oc prévoit d’employer une trentaine de personnes « sur la base de compétences transférables et de saisons complémentaires », résume Catherine Baude, directrice du groupement d’employeurs. En plus de trois coopératives et PME agroalimentaires impliquées dans la GTEC ont adhéré au groupement d’employeurs une société d’embouteillage, une coopérative viticole, une entreprise de restauration collective, un maraîcher, un pisciculteur et un conditionneur de noisettes.

Au final : une dynamique locale « très satisfaisante » aux yeux de la FRCA, qui renouvelle l’expérience dans les Pyrénées-Orientales en 2012, avec le soutien de l’État et d’Opcalim, cofinanceurs à part égale. Budget prévu : 61 000 euros. L’accompagnement des entreprises est renforcé : elles bénéficient chacune d’un diagnostic de trois à cinq jours, suivi de réunions collectives pour les inciter à adopter la GPEC et à échanger sur leurs difficultés communes.