L’Institut Gustave-Roussy (IGR) n’a pas hésité à participer à une opération pilote du programme Mesure Management Santé (MMS) de Malakoff Médéric, son assureur prévoyance. « En 2010, nous souhaitions lancer une enquête sociale auprès de nos collaborateurs. Quand Malakoff Médéric nous a présenté son programme MMS, le principe nous a séduits. J’ai simplement demandé à ce que le questionnaire prévu soit adapté », explique Philippe Bourassin, DRH de l’IGR. À sa demande, une dizaine de questions supplémentaires portant sur l’image de l’entreprise et les services que les salariés en attendaient sont venues étoffer le questionnaire.

L’enquête, anonyme, a été réalisée via Internet entre décembre 2010 et janvier 2011. En mai 2011, l’assureur a restitué l’analyse des réponses des 30 % de salariés participants, permettant d’identifier les populations et les thèmes prioritaires sur lesquels faire porter les efforts de prévention. Les attentes exprimées par les salariés de l’IGR se rattachaient à quatre grands thèmes : la santé et les risques psychosociaux, mais aussi la reconnaissance au travail et l’aide à la vie quotidienne. « En matière de santé, les salariés ont exprimé le souhait de pouvoir bénéficier d’un bilan préventif, en dehors de la médecine du travail. Là encore, Malakoff Médéric a apporté son appui à l’IGR, avec la mise en place d’un outil de prédiagnostic établi via un questionnaire Internet, suivi d’un entretien avec un médecin et une infirmière et d’examens complémentaires si nécessaire. Ce bilan de santé n’a toutefois pas encore recueilli autant de succès qu’attendu, puisque seulement 150 salariés ont fait la démarche », regrette Philippe Bourassin. Ce programme intégré de prévention et de dépistage, qui permet de calculer le niveau de risque de chaque salarié volontaire grâce à un système expert, n’a toutefois pas encore été proposé à l’ensemble du personnel. Sans doute est-il encore trop tôt pour juger de son succès, souligne-t-on chez Malakoff Médéric.

En matière de santé toujours, l’enquête MMS a aussi montré que les collaborateurs estimaient insuffisants les dispositifs existants en matière d’aide psychologique à la prise en charge des patients. Un ressenti confirmé par la centaine d’appels reçus par la cellule d’écoute, mise en place en 2009 au sein de la DRH de l’IGR. La décision a donc été prise de recruter une psychologue à temps plein, chargée de mieux structurer l’aide psychologique au personnel, et de transposer les bonnes pratiques existantes dans certains services, comme les séances de débriefing permettant de diminuer la charge émotionnelle de chacun.

« L’enquête a aussi donné lieu à des réflexions et à des mesures hors du champ de la santé », souligne Philippe Bourassin. Le personnel a nettement exprimé un manque de reconnaissance et de considération au travail. Un groupe de salariés volontaires a été créé pour alimenter une réflexion sur le sujet. Sur sa proposition, il a été décidé de mettre en place une cérémonie de remise de médaille d’honneur du travail. Fin 2012, environ 250 médailles devraient être décernées.

Enfin, l’enquête a montré que le personnel souhaitait bénéficier de services destinés à mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle, dans un contexte où une part importante des salariés travaille de jour, ou de nuit, durant douze heures. Un service de conciergerie ouvert entre 16 heures et 20 heures, sous-traité à un prestataire, a été mis en place début mars 2012. Pressing et retouches, vente de pain et de denrées alimentaires de première nécessité ont rencontré un succès immédiat, puisque 157 opérations ont été réalisées par cette conciergerie dès son premier mois d’existence.

Toutes ces mesures ont été très diversement accueillies par les syndicats. « FO était opposée à l’enquête et le CHSCT a rendu un avis négatif sur le bilan santé », rappelle Florence Widmer, déléguée syndicale FO. En revanche, l’embauche de la psychologue et l’accord sur les médailles d’honneur ont été soutenus par les représentants du personnel.

Pour l’avenir, Philippe Bourassin, estime que « relancer l’enquête, avec un an de recul, sur les mesures que nous avons prises, serait une bonne idée ».

• Activité : établissement de soin, de formation et de recherche en cancérologie.

• Effectif : 2 634 personnes.

• Budget 2011 : 246 millions d’euros.