logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

LA PRÉVENTION SANTÉ S’ÉTEND AU BIEN-ÊTRE

Enquête | publié le : 24.04.2012 | VIRGINIE LEBLANC

Image

LA PRÉVENTION SANTÉ S’ÉTEND AU BIEN-ÊTRE

Crédit photo VIRGINIE LEBLANC

Les assureurs accompagnent de plus en plus les entreprises dans leurs démarches de prévention santé et de bien-être au travail. Tous les services proposés sont également un bon moyen de contenir le coût des budgets de protection sociale.

« La demande en prévention santé était déjà forte de la part des grandes entreprises il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est une demande systématique intégrée dans les appels d’offres des assureurs des moyennes et grandes entreprises », constate Patricia Delaux, directrice santé collective d’Axa France. De plus, « les actions de prévention des entreprises sont un des leviers pour contenir l’augmentation des primes d’assurance. Leur impact sera d’ailleurs probablement plus significatif sur la prévoyance que sur la santé », ajoute Isabelle Hébert, directrice stratégie et marketing, santé et prévoyance de Malakoff Médéric.

Réel besoin des employeurs au regard de leur responsabilité en matière de santé au travail, les actions de prévention sont aussi un bon moyen de contenir le coût des budgets de protection sociale. « Il n’y a plus de marges techniques à dégager des contrats frais de santé et prévoyance, et la réforme des retraites accroît le coût du risque arrêt de travail, analyse Éric Demolli, directeur technique santé et prévoyance de Mercer. Il faut donc s’attaquer à l’origine et à la durée des arrêts de travail. C’est pourquoi les approches en prévention santé prennent de l’importance. Aujourd’hui, la palette d’actions se diversifie dans la prévention secondaire et primaire, et non plus seulement tertiaire. »

Stress et TMS

La demande des salariés existe aussi. Selon le baromètre du Ctip (Centre technique des institutions de prévoyance) publié en mai 2011 et réalisé par le Crédoc sur les attentes des salariés et des entreprises en matière de garanties et services, la prévention fait partie des missions naturelles des organismes assureurs pour plus de neuf salariés sur dix.

De son côté, le baromètre santé en entreprise réalisé en septembre 2011 par l’institut CSA pour Axa auprès de 1 000 salariés, 300 DRH ou responsables d’entreprises et 100 médecins du travail a fait ressortir les sujets de préoccupation que sont le stress, les TMS et les problèmes de sommeil. « Or les principaux programmes proposés par les entreprises tournent autour des gestes de premier secours et de la vaccination antigrippale », souligne Patricia Delaux. Un décalage que nombre d’entreprises ont commencé à combler.

Depuis fin 2010, forte de son expérience auprès des grandes entreprises, Axa propose dans sa gamme PME, en inclusion dans le contrat standard, « un bilan de situation en ligne au regard de leurs obligations de prévention, avec un diagnostic réalisé par Itelis », explique Patricia Delaux.

« Il y a quatre ans que Malakoff Médéric s’est engagé dans une stratégie globale d’accompagnement des entreprises en prévention santé, avec une double approche : santé et bien-être au travail des salariés et performance économique et sociale de l’entreprise », indique Isabelle Hébert. Pour appuyer ses objectifs, le groupe met à disposition des entreprises toute une palette de solutions. Une boîte à outils « cube santé entreprise » comportant un mini-site dédié, un kit de communication pour les RH et des outils pratiques pour les salariés sur le sujet choisi : équilibre alimentaire, activité physique et tabagisme. Et, parmi eux, l’équilibre alimentaire est celui qui suscite le plus d’intérêt : sur 1 500 entreprises qui ont déployé les cubes, 750 ont adhéré à ce programme.

Outils de télémédecine et suivi personnalisé

Pour lancer un programme innovant de dépistage de l’hypertension artérielle en entreprise dénommé Vigisanté, Malakoff Médéric, Humanis et D & O se sont associés, avec l’appui de l’Agence régionale de santé Nord-Pas-de-Calais (lire p. 26). Cette initiative vise un meilleur suivi des personnes détectées hypertendues grâce à des outils de télémédecine, un programme d’accompagnement téléphonique et de suivi personnalisé en relation avec le médecin traitant. Et tous les salariés ayant accepté le dépistage se voient proposer un programme d’e-learning baptisé “manger juste, bouger plus”.

« Environ 15 millions de personnes souffrent d’hypertension et, parmi elles, un salarié sur quatre. De plus, une personne sur deux ignore son état, souligne Patricia Ourmiah, responsable des services à la personne de D & O. Non suivie, l’hypertension augmente de 25 % le risque d’accident cardio-vasculaire et constitue le premier facteur de risque d’accident vasculaire cérébral. D’où l’intérêt d’agir sur ce qui nous permet aussi de réduire l’absentéisme lié à ces maladies et de maîtriser les coûts de protection sociale. »

« Depuis quelques mois, nous insistons sur la nécessité d’adapter la prévention au contexte de l’entreprise grâce à un diagnostic précis. Notre outil Mesure Management Santé (MMS) permet d’identifier les risques propres à l’entreprise et les populations les plus concernées, pour ensuite développer une stratégie de prévention ciblée », poursuit Isabelle Hébert (lire p. 28). L’accompagnement peut d’ailleurs être conduit par les partenaires du groupe, JLO Conseil pour les actions en prévention santé et Demos pour des modules de formation.

Bernard Barrault, directeur de Primavita, SAS filiale d’AG2R La Mondiale dédiée à la prévention, privilégie aussi « une approche globale du bien-être », et intervient sur de multiples sujets : alimentation, sommeil, TMS, risques cardio-vasculaires, stress, addictions et risque routier. Mais Primavita accompagne aussi spécifiquement les salariés en deuxième partie de carrière, à la fois pour les aider à mieux anticiper l’évolution de leur emploi et à mieux appréhender les enjeux de santé liés à l’âge.

De son côté, Apicil fait la promotion du programme “Ma santé, je m’en occupe !”, importé du Canada et testé actuellement auprès de plusieurs entreprises (lire p. 24). L’organisme de protection sociale a également travaillé avec des DRH clients ou prospects pour rédiger un livre blanc intitulé “La santé au travail, approche économique du bien-être” (juin 2011).

Aborder les problèmes de sommeil

Bien-être et risques psychosociaux reviennent comme un leitmotiv. « Il y a trois ans, nous nous étions demandés comment aborder la question de la vigilance et du stress au travail, rapporte Christian Brugeilles, directeur de l’action sociale à Réunica. En discutant avec des DRH, nous sous sommes rendu compte que la présenter à travers la problématique de la qualité du sommeil répondait mieux aux attentes des entreprises. Pour ce faire, nous avons mis en place un financement adapté afin de proposer notre programme Prévention Sommeil aux entreprises clientes de notre groupe et à leurs salariés. » De plus, ce programme - fondé notamment sur la sensibilisation au fonctionnement et aux conséquences d’un mauvais sommeil ainsi que sur une autoévaluation - bénéficiera aux salariés de Réunica, « dans le cadre du plan d’action sur la prévention des risques psycho-sociaux », indique le DRH François-Marie Geslin. L’institution de prévoyance travaille en partenariat avec le centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu et le Centre européen du sommeil.

Autre sujet cité régulièrement comme un point d’intérêt des assureurs : les prestations d’aide au retour à l’emploi après une longue absence, même si cette approche s’attache à un risque avéré. C’est le cœur de métier de Réhalto (ex-Solareh), filiale du réassureur Scor, qui propose ses services notamment pour Apicil, Humanis et Groupama.

Faciliter le retour à l’emploi

« Le 90e jour d’arrêt de travail, l’assureur prend en charge le salaire, il a donc tout intérêt à proposer un service qui permettra à l’entreprise de réintégrer son salarié en arrêt maladie plus rapidement et dans de bonnes conditions, explique Alain Bouellat, directeur commercial de Réhalto. Nous mettons à disposition de celles qui le souhaitent un réseau de coordinateurs qui analysent le dossier du salarié en arrêt maladie. Sur la base du volontariat, un psychologue se rend à son domicile pour réaliser avec lui un bilan psychosocial et construire un plan d’action personnalisé qui lui permettra de reprendre confiance et de faciliter son retour à l’emploi. » Depuis 1997, Réhalto a traité plus de 10 000 dossiers et intervient également dans le domaine préventif : accompagnement psychologique, coaching de managers et gestion de situations post-traumatiques.

Les assureurs comme les entreprises vont avoir à traiter des conséquences de la réforme des retraites. Avec l’obligation de négocier sur la pénibilité, « certaines branches professionnelles nous ont sollicités pour les accompagner dans la détection des métiers repères soumis à la pénibilité », confie par exemple Joël Bienassis, directeur des accords collectifs, secteur interprofessionnel, pour AG2R La Mondiale. Quant à Malakoff Médéric, un autre axe fort de sa réflexion tourne autour d’un outil de diagnostic lié à l’allongement de la vie professionnelle.

L’ESSENTIEL

1 Les offres d’accompagnement en prévention santé ne manquent pas. Risques psychosociaux, TMS, sommeil, nutrition, addictions, risques cardio-vasculaires sont très souvent abordés.

2 Des outils de diagnostic et d’enquête font également partie de la palette des services proposés.

3 Les employeurs sont sensibles aux effets de toutes ces actions de prévention sur le taux d’absentéisme, le nombre d’arrêts maladie et d’accidents du travail, et sur le climat social.

Faciliter la vie quotidienne des salariés

Au-delà des démarches de prévention santé, les solutions de facilitation de la vie quotidienne connaissent un grand engouement. Depuis un an, Malakoff Médéric, par exemple, s’est associé en joint-venture avec Bien-être à la carte pour proposer un service de conciergerie à ses clients.

En juin 2010, Dom Plus, société d’intermédiation à distance et par téléphone qui assure des prestations de conseil et d’accompagne­ment, a lancé une offre de service pour répondre aux besoins des salariés dans leur vie quotidienne, offre qui peut être intégrée dans les contrats d’assurance (lire p. 23). « Non seulement les problèmes familiaux interagissent avec la vie professionnelle, mais on observe également, depuis deux ans, une demande d’accompagnement des salariés sur les questions de logement, de budget et de surendettement », constate Serge Bizouerne, président de Dom plus. La MCLR vient même de lancer un accompagnement à la recherche d’emploi sur mesure pour de jeunes diplômés (lire p. 24).

« En juillet 2011, nous avons décidé de lancer un service d’écoute et d’accompagnement des salariés, des chefs d’entreprise et de leurs ayants droit, sur des thèmes liés notamment à la vie professionnelle et à la vie quotidienne, au bien-être, à la santé et au logement, énonce Joël Bienassis, directeur des accords collectifs, secteur interprofessionnel, pour AG2R La Mondiale. Ce service, Primadom, géré par Dom Plus, est mis en place à titre expérimental dans trois branches professionnelles représentant 700 000 salariés : la prévention-sécurité, la propreté et le commerce de location-réparation de machines agricoles. » En 2012, il sera généralisé progressivement aux autres branches du secteur interprofessionnel.

« Il existe une offre de très bonne qualité, même si, pour le moment, elle a du mal à se diffuser, remarque Éric Demolli, chez Mercer. Nous avons nous-mêmes bâti une offre avec Mondial Assistance. Mais l’intérêt pour ce type de démarche devrait croître avec les nécessaires évolutions culturelles et lorsque l’on arrivera à démontrer la rentabilité de ces opérations peu coûteuses qui peuvent sensiblement diminuer le taux d’absentéisme. À cet égard, les Américains ont des modèles de calcul des retours sur investissement très pointus. »

Auteur

  • VIRGINIE LEBLANC