Depuis mi-mars, 12 salariés de Plastienvase Francia* (fabrication de film plastique alimentaire et médical) à Arras participent volontairement au programme pilote Vigisanté. Initié fin 2011 par les groupes de protection sociale Malakoff Médéric, Humanis et D&O, avec l’appui de l’Agence régionale de santé Nord-Pas-de-Calais, il vise à favoriser le recensement, la prévention et la prise en charge des salariés souffrant d’hypertension artérielle, le tout grâce aux outils de la télémédecine. « Malakoff Médéric nous a proposé de participer à ce projet innovant, et des responsables de Vigisanté sont rapidement venus le présenter au CHSCT. Puis nous avons consulté les partenaires sociaux, qui y ont adhéré à l’unanimité », précise Sylvie Guerrini, RRH de Plastienvase Francia.

Début mars, deux infirmières de Vigisanté ont passé trois jours dans l’entreprise pour expliquer le dispositif à tous les salariés en tenant compte des horaires des équipes postées (3 × 8). Les RH avaient préalablement diffusé tracts et affiches pour informer et mobiliser le plus grand nombre possible de salariés, sachant que le CHSCT en avait déjà fait un large écho. Finalement, un quart des effectifs s’est inscrit au premier dépistage réalisé dans l’infirmerie de l’entreprise pour garantir l’anonymat. Outre la prise de tension artérielle de chacun d’entre eux, l’infirmière vérifiait s’ils avaient ou non déjà détecté des maladies cardio-vasculaires. Résultat : les deux tiers présentaient une suspicion d’hypertension mais seule la moitié (12 salariés) a décidé de s’inscrire au protocole de télémédecine après distribution du kit ad hoc (tensiomètre et procédures de connexion).

En test pendant un an, Vigisanté impose que chaque participant prenne sa tension mensuellement et transmette les résultats à distance à la plate-forme dédiée. « Amener la médecine en entreprise est un vrai “plus’, car tous les salariés ne vont pas chez le médecin. “Finalement, on fait attention à nous !” est la réflexion que j’ai le plus entendue. Il faut aussi souligner la bonne préparation du dispositif. En douze ans de maison, je n’ai jamais vu ça ! », assure Laurent Caron, secrétaire du CHSCT et délégué CFDT.

Vigisanté contribue à la préservation de la santé des salariés et les incite à se responsabiliser et à se prendre en charge. « Il rend aussi l’entreprise plus humaine et sociale. Enfin, il l’aide à maîtriser ses dépenses de santé et de prévoyance qui, chez nous, sont à l’équilibre », complète Sylvie Guerrini. Sa limite et son faible taux de participation (la moyenne est de 30 % dans les autres entreprises participant à Vigisanté) résident peut-être en partie dans son innovation. Nombre de salariés de la PME arrageoise, notamment ouvriers, auraient été rebutés par les impératifs de connexion Internet et de Bluetooth. Malgré tout, Vigisanté permet d’aborder les questions d’hypertension artérielle qui ne l’avaient jamais été auparavant dans l’entreprise. « Fin 2010, une enquête a été menée par le médecin du travail auprès d’une trentaine de volontaires concernant les conséquences des postes de nuit sur la santé. Elle a notamment révélé des déséquilibres alimentaires entraînant prise de poids, augmentation des triglycérides et du cholestérol », poursuit Sylvie Guerrini.

Prolongeant cette enquête, un forum santé s’est tenu dans l’entreprise, en mars 2011, avec quatre stands d’information sur les conduites addictives, le tabagis­me, la nutrition et le sommeil animés par des infirmières. « Il n’a pas eu le succès escompté, certains salariés ne s’arrêtant même pas aux stands. Nous n’avions pas associé le CHSCT à cette manifestation en pensant que tous les salariés étaient déjà informés suite à l’enquête. C’est une erreur que nous n’avons pas commise deux fois », conclut-elle.

• Activité : fabrication de film plastique alimentaire et médical.

• Effectif : 152 salariés.

• chiffre d’affaires 2011 : 36 millions d’euros.