Les autobiographies s’apparentent souvent à des hagiographies. Lorsque l’auteur prend la plume, c’est ou pour se glorifier de sa réussite ou au moins justifier son parcours et ses choix. Si le récit de Pascal Gayrard, patron de Metro Cash & Carry France, n’échappe pas aux travers du genre, il a au moins l’avantage d’être écrit par une personne qui a gravi tous les échelons sociaux pas à pas et ne l’a pas oublié.

Entré dans la vie active par la petite porte après avoir été découragé de poursuivre des études par des enseignants qui ne le trouvaient pas conforme au modèle prisé dans les années 1960, Pascal Gayrard pratiquera pas mal de métiers et encore plus de hobbies avant d’atterrir dans le secteur de la grande distribution, dont, fils d’épicier, il se méfie a priori. Finalement, il réussira une carrière éblouissante au service… des épiciers, puisque Metro Cash & Carry cible cette clientèle.

L’intérêt de l’ouvrage tient essentiellement dans ce que l’auteur dit n’avoir pas fait, alors même qu’il y était plus que fermement encouragé par ses chefs, ses collaborateurs, ses conseillers. Sa force, au final, semble justement de ne pas avoir suivi nombre de bons conseils, de ne pas avoir courbé l’échine dans le sens de l’idéologie néolibérale et d’avoir dit « non » quand les choix stratégiques opérationnels et humains qu’on lui proposait allaient à l’encontre de ses valeurs.

Un parcours exemplaire, mais exceptionnel en ce sens qu’il est atypique. Cette liberté d’expression, possible il y a quelques décennies, semble devenue aujourd’hui plus qu’improbable du fait du formatage des parcours dans l’entreprise à partir des cursus scolaires.

Itinéraire d’un patron rebelle

Pascal Gayrard, Stock, 130 pages, 13 euros.