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Enquête

UNE USINE MODÈLE POUR UNE PRODUCTION LOW-COST

Enquête | publié le : 17.04.2012 | LAURENT POILLOT

Le site Renault Tanger, qui va produire 400 000 Dacia chaque année, se présente comme irréprochable sur la santé et la sécurité. À Paris, la CGT exige cependant un suivi plus concret des différentes mesures.

La direction de Renault veut faire du site de Tanger un joyau de production low-cost. L’usine construite ex nihilo sur un terrain de 280 hectares à Melloussa, dans une province rurale appelée à devenir la rampe de lancement de l’industrie automobile marocaine, est présentée comme un modèle du genre.

Le site se veut irréprochable sur la santé et la sécurité. Un sujet délicat dans cet établissement qui emploie nettement plus de salariés que les usines européennes, plus robotisées. L’entreprise a déjà recruté 2 500 salariés et ambitionne d’en embaucher 2 700 (lire Entreprise et Carrières n° 1088). Mohamed Bachiri, DRH de Renault au Maroc, vante une politique qui va au-delà de ce qu’exige la loi au niveau local.

Management de la sécurité

Des comités d’animation sécurité-ergonomie ont été installés dans tous les départements. Ils sont notamment chargés de traiter les questions de sécurité et d’ergonomie au niveau des postes de travail. Il a fallu préalablement former les managers en matière de conditions de travail (analyse des risques, cotation ergonomique des postes…) et inclure les risques professionnels au cursus d’intégration des salariés. Un audit du système de management de la sécurité sera réalisé en juillet 2012, dans l’optique de labelliser le site SMR (Système management Renault), comme en Roumanie. Un intérêt particulier a été porté aux équipements de protection individuelle et collectifs. Pour soutenir ces salariés d’origine modeste, l’établissement prend en charge à 100 % la restauration collective et les transports domicile-travail. Assurer un bon dialogue social serait aussi au programme. Mohamed Bachiri indique que l’usine « travaille à la mise en place des instances représentatives du personnel ».

Zéro émission de carbone

L’entreprise se veut également écologique. L’attelage avec Veolia Environnement lui fait revendiquer des seuils de pollution ébouriffants, proches du zéro émission de carbone et de rejets liquides dans le milieu naturel, tandis que les prélèvements en eau, nécessaires à sa spécialité de carrosserie montage, sont de 70 % inférieurs à ceux d’un site conventionnel de taille comparable. Pour sa consommation d’électricité, le site tourne uniquement à l’énergie éolienne et hydraulique. De quoi faire pâlir la concurrence, selon Claire Martin, directrice de la RSE du groupe et de la fondation Renault : « Avec un site complètement neuf, vous pouvez réaliser ce qui se fait de mieux au monde en matière d’impact environnemental. »

Cet engagement traduit l’intention de pérenniser l’activité. Les volumes de production attendus suscitant la curiosité (170 000 véhicules rien qu’en 2012 et 400 000 à terme, avec 6 000 emplois directs et 30 000 indirects), le groupe s’est positionné sur les sept chapitres de l’Iso 26000. Il a imposé sa charte de RSE également auprès de ses sous-traitants, au nombre de douze actuellement ; 50 % des pièces détachées destinées au site de Tanger sont achetées au Maroc – hors moteurs et boîtes de vitesse qui viennent de France ou d’Espagne. Des sous-traitants dont les conditions de santé et de sécurité seront également surveillées. À Paris, ces annonces laissent de marbre la CGT. Elle s’était montrée critique à l’égard des aides du gouvernement marocain pour attirer l’entreprise (1,1 milliard d’euros), de l’exonération d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans, et des salaires offerts (près de 248 euros net mensuels pour un opérateur, contre 446 euros en Roumanie). Le syndicat s’interroge sur la réalité de la RSE. « Nous n’avons reçu aucun élément factuel de la direction en CCE, soutient Fabien Gâche, délégué syndical central. Je ne sais rien des temps de cycles ni du temps de travail. Impossible de me rendre librement sur place et donc d’établir des comparaisons avec la France, par exemple pour suivre l’évolution des accidents du travail et des maladies professionnelles – ce que nous avions pourtant demandé devant le comité de groupe. »

GROUPE RENAULT

• Activité : automobile.

• Effectif : 122 615 salariés au 31 décembre 2010.

• Chiffre d’affaires 2011 : 42,6 milliards d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT