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Enquête

UNE CHARTE POUR UN TRAVAIL DÉCENT

Enquête | publié le : 17.04.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

Un socle commun pour les conditions de travail et le respect des droits, où que ce soit dans le monde : la “charte du travail décent” fixe cette ligne de conduite chez le fournisseur automobile.

Longtemps cantonné dans sa seule région d’origine la Franche-Comté, ce fournisseur automobile a connu une internationalisation massive et rapide, puisqu’il a implanté 15 usines entre 1992 et 2007 dans 12 pays, dont la plupart (Chine, Philippines, Honduras, Mexique, Maroc, Tunisie, Roumanie…) ne figurent pas dans la liste des modèles sociaux les plus avancés. Fabricante de gaines de protection et d’isolation, l’entreprise a suivi le déplacement vers les pays émergents de ses principaux clients, les câbleurs pour l’automobile, activité à fort taux de main-d’œuvre et soumise à la pression du low-cost. Delfingen elle-même n’a pas délocalisé sa production française, insiste sa direction.

Adoptée à l’issue de ce processus de globalisation il y a cinq ans, la charte en 14 points résulte d’une volonté propre à l’entreprise : perpétuer dans la rude compétition de l’économie mondialisée les valeurs de « solidarité » et d’« humanisme » portées par la famille suisse protestante qui a fondé l’entreprise sur un modèle artisanal et qui est toujours à sa tête.

Promouvoir l’égalité face à la pénibilité

Le document entend par exemple « promouvoir l’égalité face à la pénibilité à poste identique », garantir dans tous les sites « le même niveau de sécurité » ainsi que « le même niveau de protection environnementale », exclure « les comportements qui portent atteinte à la dignité » ainsi que le travail d’enfants de moins de 16 ans, y compris chez les fournisseurs, sachant que la plupart d’entre eux sont européens.

Sur le salaire, la charte exige qu’il soit « décent » et sans discrimination de sexe ou d’autres critères entre les employés d’un même site. L’entreprise ne fixe pas de seuil minimal mais elle assure se situer dans les niveaux corrects de marché pays par pays. « Quelques euros de plus, cela compte dans certains pays à forte concurrence et volatilité de main-d’œuvre d’un employeur à l’autre », souligne Christophe Clerc, directeur des services support dont les RH. Tout salarié dans le monde reçoit sa part des 20 % de bénéfices redistribués au personnel. Parmi les outils de fidélisation spécifiques aux réalités locales et découlant de la charte figurent la proposition de vaccination aux Philippines et au Mexique avec prise en charge du complément de l’assurance sociale locale, le financement de l’alphabétisation au Honduras et, en Roumanie, la création de services de transports.

La rémunération vise non l’égalité, mais l’équité, et ce terme guide en fait toute la charte. « Appliquer le même salaire partout serait suicidaire pour notre compétitivité. En revanche, des droits identiques sont possibles sur un tas de sujets. Un kilo à porter, c’est pareil partout. La question que l’on invite à se poser tout le temps est la suivante : nos collègues français accepteraient-ils telle ou telle situation ? », énonce Christophe Clerc.

Certification environnementale

En réponse, l’entreprise a par exemple installé des extracteurs de fumée aux Philippines en dépit de l’absence de contrainte réglementaire. Toutes les usines sont certifiées Iso 14001 (environnement). Elle impose partout des capots de protection sur les postes de travail ainsi que le port des EPI. Les cas de harcèlement ou de discrimination en raison de la nationalité, de la religion ou du niveau d’études « remontent très vite dans la hiérarchie et sont sanctionnés comme il se doit ». Le respect passe aussi, selon Delfingen, par la communication dans la langue du pays. « Au Maroc, cela a impliqué d’étendre l’usage de l’arabe au fil du temps. Les managers sont en majorité du pays d’implantation », relève Flora Caburet, RRH.

En matière de dialogue social, Delfingen Industry ne va pas jusqu’à créer des IRP dans les pays où elles ne sont pas imposées. Mais l’entreprise estime garantir partout la liberté d’expression syndicale.

DELFINGEN INDUSTRY

• Activité : fabrication de faisceaux de protection et de tubes pour transfert de fluides.

• Effectifs : 1 300 salariés, dont 180 en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 120 millions d’euros.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON