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Enquête

« Les progrès les plus notables ont été obtenus dans la sécurité au travail »

Enquête | publié le : 17.04.2012 | CAROLINE FORNIELES

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« Les progrès les plus notables ont été obtenus dans la sécurité au travail »

Crédit photo CAROLINE FORNIELES

E & C : Quel bilan tirez-vous de près de quinze ans d’audit social organisé par ICS dans la grande distribution ?

M.-F. T. : Le groupe de travail ICS permet aujourd’hui d’engager la réalisation de 2 000 audits sociaux par an. Des plans d’action correctifs sont systématiquement mis en place dans les cas de non-conformité, et suivis par des auditeurs sur place. De nouveaux audits viennent constater les progrès. La mutualisation permet aux enseignes de partager l’information. Une entreprise peut ainsi prolonger le travail qui a été initié par une autre vis-à-vis d’un fournisseur commun. Pour avoir des audits de bonne qualité, nous avons accrédité les cabinets les plus compétents, dans lesquels nous référençons aussi les bons auditeurs.

E & C : Cela a-t-il apporté des améliorations sensibles chez les fournisseurs étrangers ?

M.-F. T. : étant donné que nous auditons des fournisseurs à risque, les résultats ne peuvent pas être immédiatement spectaculaires. C’est un travail de longue haleine. La plupart des audits montrent que les entreprises sont encore loin de respecter les conventions de l’OIT, même si nous constatons des progrès réguliers. Les plus notables ont été obtenus dans la sécurité au travail. Ils sont moins flagrants sur le temps de travail et les salaires. Les heures supplémentaires s’accumulent toujours au moment des pics de production. Et il y a encore des problèmes de respect de droits de l’homme.

E & C : Ces audits ont-ils modifié les rapports entre fournisseurs et donneurs d’ordre ?

M.-F. T. : Les fournisseurs savent désormais mieux ce que l’on attend d’eux, mêmes s’ils n’arrivent pas toujours à atteindre la totalité des objectifs. De leur côté, les enseignes ont amélioré leurs pratiques, notamment par une meilleure gestion des délais de commande. Les sous-traitants ont tout intérêt à s’améliorer, car c’est ainsi que des partenariats peuvent se nouer sur le long terme avec les enseigne et favoriser le développement d’une politique RSE. Notre action s’inscrit dans un mouvement global d’amélioration des conditions de travail des salariés des pays émergents. Cependant, dans certains cas et après plusieurs audits non conformes, les enseignes peuvent être contraintes de déréférencer des fournisseurs qui ne rentrent pas dans une démarche de progrès.

E & C : Quel rapport entretiennent les enseignes avec les lanceurs d’alertes comme le collectif éthique sur l’étiquette, qui a dénoncé le sablage des jeans ?

M.-F. T. : Les audits nous permettent d’avoir une connaissance, à un instant donné, d’un lieu de production et de fixer ainsi les actions à mettre en œuvre pour qu’il s’améliore. Cependant, notre action ne nous permet pas de maîtriser tous les risques. Par conséquent, il est vrai que certains faits, parfois graves, peuvent nous échapper. Les associations ou les ONG ont un rôle à jouer et leurs actions sont utiles. Et dans certains cas, elles nous conduisent effectivement à agir.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES