La pauvreté, définie comme le fait de ne disposer pour vivre que d’un revenu inférieur ou égal à la moitié du salaire médian (954 euros en 2011) pour une personne seule, touche aujourd’hui 13,5 % des Français. Si l’on ajoute à cette masse de 8,2 millions de personnes, celle plus considérable de ceux qui ont chaque mois des difficultés à joindre les deux bouts, cela représente près de 50 % de la population française reléguée aux confins de la prospérité.

Catherine Herszberg, journaliste et écrivain, est allée à la rencontre de femmes et d’hommes de toutes catégories sociales, avec en tête une seule question, celle qui sert de titre à son ouvrage : mais pourquoi les pauvres sont-ils pauvres ? La force de l’ouvrage est qu’au terme d’un parcours consacré essentiellement à des portraits individuels, ce qui ressort est bel et bien un problème collectif : celui d’une société qui met au rebut une partie de ses membres, jugés insuffisamment rentables, au mieux dotés d’un salaire de misère ou d’allocations de survie, et que la doxa libérale tend à culpabiliser comme autant d’incapables, voire d’escrocs vivant aux crochets de la société.

Le paradoxe d’une société recomposée autour de la performance et du rendement, et qui privilégie l’autonomie, est sans doute d’en exclure peu ou prou près de la moitié de la population. Peu de perspectives sont aujourd’hui réservées à ces milieux populaires devenus, ou menacés de devenir, les rebuts du monde, si ce n’est la peur et le ressentiment. Un échec collectif selon l’auteur !

Mais pourquoi sont-ils pauvres ?

Catherine Herszberg, Seuil, 300 pages, 20 euros.