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« La flexisécurité ne résiste pas à la crise »

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 17.04.2012 | ÉLODIE SARFATI

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« La flexisécurité ne résiste pas à la crise »

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

E & C : Vous avez présenté, le 13 avril, les résultats d’une étude européenne consacrée au droit social en temps de crise. Quel était l’objectif de cette recherche ?

C.-E. T. : Nous voulions mesurer l’impact de la crise sur les évolutions du droit du travail et de la protection sociale dans 11 pays européens, en apportant une attention particulière à la notion de flexisécurité, qui est, depuis 2006, considérée par l’Union européenne comme le cadre dans lequel doit s’inscrire la modernisation du droit social. La crise a-t-elle accéléré la prise en compte de ce concept dans les réformes mises en œuvre, ou l’a-t-elle au contraire écarté du paysage ? C’est ce que nous voulions savoir.

E & C : Quelles sont vos principales conclusions ?

C.-E. T. : Malgré les particularités nationales, nous avons observé des tendances générales. D’abord, la crise financière de 2008-2009 a généré peu de réformes : les pays ont fait avec les instruments existants, comme le chômage partiel. Mais les transformations les plus importantes ont été amorcées dans une deuxième phase, lors de la crise des dettes publiques. Elles n’ont pas toujours été faites au nom de la crise, par exemple en Hongrie, où le gouvernement veut mettre en place le code du travail le plus flexible du monde ! D’autres pays ont engagé des réformes majeures, comme l’Italie, l’Espagne, la Grèce, mais aussi la Grande-Bretagne, qui a assoupli une législation déjà très peu protectrice. Toutes ces politiques sont allées dans le sens d’une déréglementation des droits sociaux et de la flexibilité : modération salariale, décentralisation de la négociation collective au niveau de l’entreprise… En parallèle, les protections ont été réduites. Malgré des discours toujours tenus aujourd’hui, la flexisécurité ne résiste pas en temps de crise.

E & C : Ces réformes nationales ont-elles des conséquences sur la construction du modèle social européen ?

C.-E. T. : Certains signes sont inquiétants : la commission vient d’annoncer qu’il n’y aurait pas de stratégie européenne en matière de santé et de sécurité au travail, au nom de la compétitivité. Le projet de directive sur les risques psychosociaux est renvoyé aux calendes grecques. Pour la première fois, on met un coup d’arrêt à un consensus communautaire qui voulait que les questions de santé au travail transcendent les idéologies. L’équilibre entre des orientations libérales et des politiques protectrices a été rompu.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI