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RADIALL : UNE PRIME DIVIDENDE POUR COMPENSER DES NAO PEU GÉNÉREUSES

Pratiques | publié le : 10.04.2012 | ROZENN LE SAINT

Insatisfaits de l’issue des négociations de salaires pour 2012, les syndicats de cette société spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements électroniques ont fini par accepter, en complément, un versement anticipé de la prime de partage des profits.

En temps de crise, toutes les astuces sont bonnes pour couper dans son élan un mouvement de protestation. Fin janvier, les salariés de Radiall SA débrayent, mécontents de l’issue des négociations annuelles obligatoires (NAO) 2012, qui avaient débuté le 1er décembre 2011. Alors que l’intersyndicale réclame une augmentation générale des salaires de 2,5 % (un taux égal à celui de l’inflation en 2011), la direction abaisse la barre à 1,2 %, plus 1 % en individuel et 0,3 % lié à l’ancienneté.

Au vu de la progression du chiffre d’affaires du groupe Radiall, qui a atteint 203,4 millions d’euros en 2011, la grogne monte. Pour la stopper net tout en mettant un terme aux NAO, le DRH, André Hartmann, convoque les délégués syndicaux centraux unis dans cette lutte, la CFDT, la CGT, la Confédération autonome des travailleurs, Sud et Solidaires 37.

Exonération de contributions sociales

Le DRH tourne la page des NAO, mais en ouvre une autre : la direction sort de sa besace une rémunération complémentaire inédite, qui anticiperait sur le versement de 2012 de la fameuse prime de partage des profits, voulue par Nicolas Sarkozy et créée en juillet dernier. Elle oblige les entreprises dont les dividendes versés aux actionnaires sont en progression à offrir à leurs salariés une part du gâteau. Avantage de cette prime par anticipation pour le géant de l’électro– nique : le dispositif bénéficie d’une exonération de cotisations et de contributions sociales, qui atteignent un taux de 8 % seulement, contre 46 % de charges sociales pour l’employeur (et environ 25 % pour le salarié) en temps normal.

Mi-salaire, mi-prime

Les syndicats, eux, n’en démordent pas : ils demandent que cette prime soit versée sous forme de salaire pour que l’augmentation soit pérenne. La poire a été coupée en deux : la moitié prend la direction du salaire et l’autre, celle d’une gratification de 120 euros brut. « La prime dividende versée en tant que telle aurait rapporté 300 euros brut à chaque salarié. Comme l’intersyndicale a insisté pour qu’elle soit inclue dans le salaire, et que, de ce fait, les charges ne sont pas les mêmes, on aboutit à une hausse de 125 euros brut annuels sur le bulletin de paie et à une prime de 120 euros », indique André Hartmann.

Le 25 mai, l’assemblée générale des actionnaires devrait confirmer que les critères requis pour partager la prime sont respectés. Sauf surprise, elle devrait annoncer que les dividendes 2011 ont bien atteint une moyenne supérieure à ceux versés pour les années 2009 et 2010. Ce n’est donc qu’en juin que les salariés pourront toucher cette prime dividende.

En mars, tous les syndicats ont signé cet accord d’entreprise incluant la prime dividende 2012 et, au final, les salaires de 2012 recevront un coup de pouce complémentaire de 0,4 %. Additionné à l’augmentation acquise lors des NAO, cela revient à 1,6 % d’augmentation générale, plus, toujours, 1 % en individuel et 0,3 % lié à l’ancienneté.

« Nous ne sommes pas satisfaits, indique néanmoins Akim Aitahmed, délégué syndical central CFDT. Nous avons suivi parce que les autres syndicats signaient. Ce sont des miettes. Mais quand on peut grappiller un peu plus pour les salariés, c’est toujours mieux que rien. »

Cette solution improvisée apparaît inédite. « Compte tenu des résultats meilleurs qu’escomptés obtenus par l’entreprise en 2011, nous avons accepté des négociations complémentaires. Cette nouvelle loi donnant naissance à la prime dividende nous a permis de monter cette opération. Mais cela aurait aussi pu se faire avec une prime classique », estime le DRH.

Une autre démarche pour 2013

Pour autant, cette utilisation de la prime devrait rester exceptionnelle, « un one shot pour 2012, précise André Hartmann. Pour la suite, nous serons sur une autre démarche. L’accord d’intéressement arrive à terme cette année. Nous allons en négocier un autre pour la période 2012-2014. Nous aimerions y intégrer la prime de partage des profits ».

Auteur

  • ROZENN LE SAINT