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Pays-BasLE RÉGIME MINCEUR DEVIENT LA RÈGLE DANS LES ENTREPRISES

Pratiques | International | publié le : 10.04.2012 | DIDIER BURG

Dans certains cas, la jurisprudence néerlandaise a considéré le surpoids comme motif de licenciement, si le salarié a été auparavant averti et aidé. Des entreprises prennent en charge les cures de fitness de leurs collaborateurs.

Bon nombre d’entreprises néerlandaises préfè­rent des salariés sveltes. Selon elles, les employés obèses ou en surcharge pondérale peuvent présenter un risque sur le lieu de travail. Une analyse confirmée par la justice des Pays-Bas qui, dans plusieurs cas d’espèce, a autorisé des employeurs à licencier leurs salariés obèses. Mais, si elle constate les difficultés du salarié à remplir ses tâches, cette jurisprudence estime aussi que l’employeur doit avoir « donné sa chance » au collaborateur, en le prévenant que son poids est un handicap, tout en lui donnant le temps nécessaire pour rectifier sa silhouette. À l’inverse, le refus d’un salarié d’accomplir les efforts nécessaires pour modifier la situation, alors qu’il le pouvait, a été considéré comme un motif légitime de licenciement.

Encadrement sur mesure

Du coup, les entreprises néerlandaises prennent les devants pour éviter ces situations extrêmes. Pionnier après avoir mené campagne sur le thème « à votre santé » ces dernières années, le groupe financier ING teste aujourd’hui un programme permettant un encadrement sur mesure des salariés présentant des problèmes de santé liés à un surpoids (dont l’alcoolisme et l’intoxication tabagique).

Programme de six mois

Le programme, confié à un prestataire spécialisé, se déroule sur six mois. Il commence par des ateliers collectifs sur l’énergie au travail. Ensuite, les salariés fixent leurs propres objectifs. C’est sur cette base qu’ils vont pouvoir se prendre en charge, plusieurs outils étant mis à leur disposition. D’abord l’intranet de l’entreprise : les salariés y trouvent un livre pour s’alimenter sainement ou des conseils pour bouger. Des messages incitatifs pour s’inscrire à la salle de sport, dont l’abonnement est en partie financé par l’entreprise, leurs sont envoyés. Outre ce dispositif, dont l’usage est laissé à l’initiative du salarié, un parcours spécifique est prévu pour les cas les plus difficiles. À l’issue d’un entretien individuel déterminant les problèmes à l’origine de la surcharge pondérale, ING va mettre un “coach” à leur disposition. Le suivi peut se faire sur plusieurs semaines, avec des séances de soutien intensif. « Au final, il appartiendra au collaborateur lui-même de mettre en pratique ces conseils ou de chercher une aide extérieure si besoin », estime un responsable du programme “Energy at ING”. Avec plus de la moitié de ses effectifs atteints de surpoids, le secteur du transport et de la logistique a mis en place sa propre plate-forme de remise en forme au niveau de la branche. Des salles de sport ont été aménagées sur les lieux de travail, et les cantines proposent des repas équilibrés. Nombre de camions ont aussi été équipés de micro-ondes. Mais les habitudes semblent avoir la vie dure sur la route. « Il apparaît que 67 % des salariés de la branche n’ont aucune envie de changer leurs usages alimentaires. Ils prétextent que les chances de succès sont nulles », regrette Herma Polee, directrice de la plate-forme de ce programme Gezond Transport.

Problème de santé publique

Globalement, la moitié des actifs néerlandais seraient sensibilisés aux pratiques d’hygiène de vie et de bonne santé prodiguées sur le lieu de travail. Un score encore loin de satisfaire les employeurs : les études montrent que 60 % d’entre eux sont en arrêt maladie entre 10 et 24 jours par an de plus que leurs collègues ayant un poids « normal ». Les salariés de l’industrie et les cadres sont les plus touchés par la surcharge pondérale. Dans la branche agroalimentaire, 52 % du personnel serait trop « gros », contre 18 % dans le secteur de la culture et des loisirs.

Comme dans les autres pays riches, au-delà du lieu de travail, l’obésité est devenue un problème de santé publique aux Pays-Bas. Selon les dernières études, 60 % des hommes âgés entre 30 et 70 ans et 44 % des femmes de cette tranche d’âge seraient en surpoids.

Auteur

  • DIDIER BURG