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Pratiques

La cohésion de groupe renforcée

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 10.04.2012 | C. L.

Depuis deux ans, les RH ont préparé les troupes à un déménagement d’envergure inaugurant une nouvelle manière de travailler, plus collaborative. D’ici à 2015, près de la moitié des salariés du groupe bancaire convergeront en banlieue sud de Paris.

Neuf mille. C’est l’effectif total que comptera en 2015 Evergreen, la nouvelle adresse du Crédit agricole à Montrouge (Hauts-de-Seine). Six entités s’y retrouveront. Pour l’heure, Crédit agricole SA et CA Immo occupent 53 000 m2 de l’ancienne usine de Schlumberger, achetée en 2009 par la banque et totalement réaménagée. À terme, après la construction d’immeubles flambant neufs, sa surface aura plus que triplée.

Une dynamique “campus”

« Ce déménagement en proche banlieue sud, avant même sa finalité économique, avait pour but de créer une véritable rupture dans la manière de travailler des équipes, explique Agnès Coulombe-Appelgren, ancienne DRH de Crédit agricole Leasing Factoring et directrice du projet Evergreen. Notre objectif était de renforcer la cohésion. Pour cela, il nous fallait faciliter la communication. Or nos bâtiments étaient organisés sur de nombreux étages, avec de longs couloirs. Les salariés répartis en bureaux individuels ne se voyaient pas et donc se parlaient peu. »

C’est exactement l’inverse dans les nouveaux locaux, sur 4 étages, organisés dans une dynamique “campus” avec des espaces de travail ouverts. Seuls 10 % de la surface sont constituée de bureaux individuels, vitrés. La multiplication des espaces collaboratifs complète cette configuration. « Pour une place assise à un poste de travail, il y a une place en collectif », précise la directrice de projet.

L’entrée dans chaque service ouvre sur un lounge. Grande table, canapé, distributeur de boissons et de friandises, bannettes de courrier cohabitent, selon l’ambiance choisie, avec un billard, un baby-foot, un practice de golf ou encore des télévisions avec jeux vidéos. Vient, ensuite, l’open space de travail : des bureaux disposés le long des fenêtres et, au centre, des salles fermées de toutes tailles. Le bureau du manager est présent au milieu de son équipe et non plus à l’étage réservé à la direction.

Charte d’aménagement

Par souci d’équité, le mobilier – blanc – est le même pour tous. Quelques touches personnelles et de couleur égayent l’ensemble. Enfin, le « forum », un espace de restauration installé au cœur du site et entouré de 4 hectares d’espaces verts, reste ouvert hors des heures de déjeuner pour permettre de se retrouver entre collègues lors d’occasions festives ou pour travailler. C’est aussi un lieu désigné pour recevoir. S’ajoutent un business center avec des salles équipées et un auditorium, une conciergerie, une salle de sport, etc. Ces aménagements respectent les principes édictés dans la “charte d’aménagement”, présentée dans chaque CHSCT, et rédigée au lendemain des diverses réunions accueillant 450 salariés volontaires. « En 2010, nous avons proposé à ceux qui le souhaitaient de participer à des groupes d’expression constitués par thématique, pour recueillir les principaux desiderata », explique Agnès Coulombe-Appelgren, ajoutant que ces rencontres étaient pilotées par la RH groupe. Parmi eux, Pierre Fontanilles, secrétaire du CHSCT de CASA (2 500 salariés) depuis dix ans. « On obtient davantage en participant », affirme-t-il. Mobilier, services aux salariés et mesures d’accompagnement étaient au menu des discussions.

Travail à domicile

Ce qui n’a pas empêché la direction de solliciter l’ensemble des collaborateurs à diverses occa­sions. « La sélection finale du mobilier a fait l’objet d’un vote en ligne. Nous avions également, très en amont, envoyé 9 000 questionnaires pour connaître les temps de transport de chacun et les attentes en termes de services », précise la responsable. C’est à cette occasion que le thème du télétravail a fait une percée inattendue. Après un test concluant avec 70 personnes, les partenaires sociaux sont parvenus à un accord signé fin février dernier. Un jour par semaine de travail à domicile est accordé aux personnes, sous condition d’éloignement du site.

Une manière de mieux faire passer la pilule, selon Pierre Fontanilles. « Le projet de déménagement a été accueilli avec hostilité. En quittant le quartier de Montparnasse pour Montrouge, trois salariés sur quatre, dont beaucoup vivent en banlieue ouest, ont vu leur temps de transport s’allonger. » Des mesures d’accompagnement ont permis d’arrondir certains angles. Un plan de départs volontaires a bénéficié à 350 collaborateurs, « indemnisés à hauteur de trente mois de salaire au maximum », informe le secrétaire du CHSCT. Et une trentaine de salariés ont consommé les aides pour déménager. Enfin, un réseau de navettes gratuites proposant sept dessertes est emprunté chaque jour par près de 700 salariés. « Aujourd’hui, les trois quarts de notre effectif se déplacent en transport en commun, contre deux tiers précédemment », précise Agnès Coulombe-Appelgren.

Enquête de satisfaction

L’enquête de satisfaction, réalisée en juin 2011 auprès des 2 200 premiers arrivants (entre décembre 2010 et janvier 2011), affiche des résultats plutôt posi­tifs : sur les 60 % de retours, 75 % ont déclaré être satisfaits de leur mobilier, et plus de 90 % le sont de la conciergerie et des services de conseil et de dépannage en nouvelles technologies. Là où cela pèche ? « Sur le tri des déchets, répond l’ancienne DRH. Nous avions pré­vu de limiter le nombre de poubelles individuelles. Il y a eu un vrai mécontentement. » Autre point à améliorer : l’isolation phonique, qui mobilise aujourd’hui une équipe d’acousticiens. Mais Pierre Fontanilles n’a pas relevé plus de plaintes, tensions ou ­absentéisme depuis l’arrivée à Montrouge. Quant au coût de l’opération, il reste confidentiel.

Auteur

  • C. L.