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Enquête

UNE LOGIQUE TOUJOURS VERTICALE

Enquête | publié le : 10.04.2012 | L. G.

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Emploi du temps d’un communicant interne

Crédit photo L. G.

Si la fonction communication interne devient plus indépendante de la fonction RH, elle reste souvent enfermée dans une logique verticale descendante, malgré les espoirs de décentralisation.

Le portrait du communicant interne dressé par l’étude Inergie-AFCI 2012 est précis. Il indique d’abord que les communicants sont des communicantes (75 %), et pour la moitié âgées de 41 ans et plus. Mais une part non négligeable (40 %) est constituée de nouvelles venues âgées de 31 à 40 ans. « Ce taux de féminisation reste très stable », commente Catherine Broyez, directrice d’études chez Inergie.

La distance prise par les communicants vis-à-vis de la direction des ressources humaines constitue la grande nouveauté de 2012. Alors qu’en 2005, 31 % des répondants se disaient rattachés à la DRH, ce chiffre tombe à 23 % en 2012. À l’inverse, le rattachement à une direction de la communication spécifique est passé de 29 % à 39 %. Autonomisation et affirmation de la communication en tant que telle marquent donc les sept années écoulées, alors que le rattachement à la direction générale reste le principe dans 30 % des situations.

« Ces taux de rattachement correspondent à ceux déclarés par les 450 adhérents de l’AFCI, constate Aurélie Renard, déléguée générale de l’association. Le déplacement du service com’ interne des RH vers une structure dédiée s’explique aussi en partie par la création d’une communication RH spécifique qu’on a vu naître dans les entreprises depuis plusieurs années. Parallèment, la création d’une direction communication réunissant l’interne et l’externe témoigne d’une recherche de cohérence. »

Équipes resserrées

Cette autonomisation s’est accompagnée d’un resserrement des équipes de communication interne : 58 % des répondants encadrent une équipe. La nouvelle norme semble être l’équipe de 2 à 4 personnes (51 % des cas), alors que celles de 5 et plus est en baisse (25 %). Reste que 42 % des communicants sont seuls. « Le resserrement des équipes est un effet de la crise confirmé par les adhérents de l’AFCI », corrobore son président Guillaume Aper.

Du corporate au local

À quel niveau de l’entreprise les communicants sont-ils positionnés ? De manière assez attendue, ils se situent majoritairement au niveau du groupe (60 %), ce qui implique que le style de la communication interne est plutôt centralisé et va du corporate vers le local (75 %). Seul un quart déclare pratiquer une communication décentralisée selon une approche collaborative.

Ce résultat est assez décevant comparativement aux espoirs de décentralisation de la com interne que certains ont portés depuis plusieurs années, et aux réels développements des outils collaboratifs de terrain : Web, plate-forme de contenu alimentée par les salariés… Toutefois, 40 % des communicants exercent leur fonction au niveau d’une entité. « C’est important et c’est le signe malgré tout d’une forme de décentralisation », analyse Luc Vidal, directeur associé d’Inergie.

Spécificité de l’interne

Une question anime actuellement les débats de l’AFCI (lire l’interview p. 32) : le champ d’action des communicants internes porte-t-il uniquement sur l’interne ou traitent-ils d’autres questions ? La réponse est en lien avec la taille et la structure de l’entreprise : 32 % traitent uniquement de com interne (surtout dans les groupes de plus de 2 000 personnes), mais 23 % s’occupent aussi de RH (surtout dans les entreprises de plus de 500 salariés) et 36 % gèrent également la communication externe (principalement dans les structures de moins de 300 personnes). Dans ce dernier cas, les communicants déclarent malgré tout que le temps consacré à l’interne (60 %) est prédominant. À cela s’ajoute un partage quasi égalitaire entre ceux (46 %) qui estiment que la communication interne fait appel à des savoir-faire particuliers et qu’il est nécessaire d’en maintenir la spécificité, et ceux (53 %) qui pensent au contraire que la communication est un métier global, mis au service de différentes cibles, et que les frontières disparaissent peu à peu. La spécificité de la communication interne est une conviction profonde et un des chevaux de bataille de l’AFCI.

Si 53 % des répondants voient la communication comme un métier global, c’est peut-être parce que seul un gros tiers d’entre eux (39 %) ont une formation spécifique à la communication, et qu’une petite moitié (46 %) ont exercé une fonction différente auparavant. « Vu la diversité des parcours des communicants, on constate qu’il n’y a pas de voie royale pour occuper ces fonctions », note Guillaume Aper.

Recherche d’équilibre

Pourtant, au-delà des effets de parcours, de formation initiale, de carrière et d’opinion sur la fonction, les spécialistes de la communication interne sont globalement d’accord sur l’appréciation qu’ils portent sur leur quotidien de travail : ils accordent trop de temps à la gestion des outils et à l’élaboration de l’information, et pas assez à écouter et comprendre le corps social et à conseiller le management. Clairement, ils aspirent à une répartition plus équilibrée entre leurs activités. « Le constat est hélas toujours le même, note Aurélie Renard. La production d’informations prend beaucoup de temps, malgré les plates-formes d’échanges, les mutualisations d’outils et les tentatives de décentralisation. »

Auteur

  • L. G.