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Enquête

DERRIÈRE LA QUESTION RELIGIEUSE, CELLE DU RELATIONNEL

Enquête | publié le : 03.04.2012 | E. F.

L’entreprise de travail temporaire a choisi d’adopter une approche individualisée et mène une veille active.

« On ne peut pas dire que la pratique religieuse est un non-sujet. C’est un sujet de diversité étroitement imbriqué dans des questions relationnelles. » Telle est la conclusion à laquelle est parvenue Aline Crépin, directrice RSE du groupe Randstad, après plusieurs années de réflexion. L’entreprise d’intérim a commencé à travailler sur le fait religieux en 2006. « Nous étions confrontés à des questions de nos agences, se souvient Aline Crépin. Elles concernaient le port du voile, qui commençait à apparaître ici ou là, ainsi que les lieux de prière. En revanche, rien sur les menus des cantines. Par exemple, nous recevions une intérimaire sans voile en entretien d’embauche, puis elle décidait de le porter chez le client. » « Ce n’était pas des conflits, poursuit-elle, mais les questions commençaient à monter et à être médiatisées, aussi avons-nous voulu anticiper. »

C’est ainsi que naît un groupe de travail, qui se réunit pendant un an sous la férule de Dounia Bouzar, fondatrice du cabinet Cultes et cultures. « Nous nous sommes dit, à ce moment-là, qu’il faudrait peut-être éditer un guide à destination des RH et des managers, afin d’anticiper d’éventuelles demandes. Car le groupe de travail nous a révélé qu’à partir du moment où le religieux se montre, les managers perdent tout bon sens : ils cherchent à savoir si la religion autorise à faire ceci ou cela, alors qu’il s’agit de voir si cela fonctionne en entreprise. »

Pas de principe de neutralité dans le privé

Finalement, le guide restera à l’état de projet. En 2009, lorsque Randstad et Vedior fusionnent, il y a d’autres priorités. « Et puis nous avons pensé qu’un guide n’avait pas forcément de sens alors que chaque cas est différent. Autant je comprends qu’EDF et La Poste, qui sont assimilées à des entreprises de service public et qui emploient des salariés privés et des fonctionnaires, aient le souci de la neutralité religieuse, autant les entreprises privées ne sont pas soumises à ce principe », explique Aline Crépin.

Enfin, dernier argument, la question religieuse n’en est pas toujours une : « Quand on gratte, les demandes religieuses se révèlent bien souvent des questions relationnelles avec le management. » Autant d’éléments qui ont finalement plaidé pour un traitement individuel des demandes. Sans compter que « le boom qu’on aurait pu craindre à l’époque n’est pas arrivé ».

Système d’alerte anti-discrimination

Aujourd’hui, Randstad dispose de trois outils pour traiter du fait religieux. L’entreprise s’est récemment dotée d’un système d’alerte antidiscriminations (lire Entreprise & Carrières n° 1072 du 22 novembre 2011) qui permet aux salariés intérimaires ou permanents ainsi qu’aux candidats de poser une réclamation lorsqu’ils s’estiment victimes d’une discrimination. « Sur la cinquantaine de cas qui sont remontés en 2011, deux tout au plus concernaient la religion », déclare Aline Crépin.

En 2010, Randstad a en outre formé à cette question ses directeurs opérationnels (DRH, DG adjoints, directeur formation), soit une quinzaine de personnes, pendant une demi-journée, « afin qu’ils puissent poser leurs questions ». Le cabinet Cultes et cultures de Dounia Bouzar était en charge de cette formation.

Enfin, Randstad soutient une chaire sur le fait religieux à l’Institut d’études politiques de Rennes. « Nous voulons garder un œil sur cette thématique qui revient régulièrement et qui peut générer des dysfonctionnements dans l’entreprise », explique la directrice RSE.

RANDSTAD FRANCE

• Activité : travail temporaire.

• Effectif : 3 900 salariés permanents ; 262 953 salariés intérimaires délégués par an.

• Chiffre d’affaires 2010 : 3,06 milliards d’euros.

Auteur

  • E. F.