On confond souvent l’entreprise, dont la raison d’être est la production collective de biens et de services, avec la société anonyme par actions, centrée, pour sa part, sur les intérêts des actionnaires et la maximisation de leurs profits. Les grandes entreprises modernes se financent bien sûr sur les marchés, mais confondre l’intérêt des actionnaires avec celui de l’entreprise conduit aux dérives du capitalisme financier. Pour les auteurs, professeurs à ParisTech, la crise que nous traversons n’est pas seulement liée à la gestion hasardeuse du système bancaire mais aussi, plus profondément, au fait que la valeur pour l’actionnaire est devenue le critère dominant de performance et la boussole stratégique des dirigeants, au détriment des investissements dans l’innovation.

Selon eux, la sortie de crise passe donc nécessairement par un effort pour repenser l’entreprise afin de la rendre socialement acceptable. Renouveler les règles de gouvernance autour d’un “contrat d’entreprise” leur semble indispensable. Quatre principes pourraient en former la base : un principe de progrès et d’innovation pour l’entreprise, un pouvoir habilité, légitime et autonome par rapport à la sphère financière, un collectif incluant les salariés et des règles de solidarité allant au-delà du partage des résultats. Toutes conditions, selon les auteurs, pour que l’entreprise redevienne un lieu d’innovation, de croissance et d’évolution sociale.

Refonder l’entreprise

Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, Seuil, 120 pages, 11,50 euros.