logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

QUELLES MESURES SOCIALES DANS LES PROJETS DES CANDIDATS ?

Enquête | publié le : 27.03.2012 | ÉLODIE SARFATI

Image

QUELLES MESURES SOCIALES DANS LES PROJETS DES CANDIDATS ?

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

Compétitivité, emploi des jeunes et des seniors, formation professionnelle, dialogue social, rémunérations. Comment les candidats à la présidentielle abordent-ils ces questions ? Quelles mesures phares préconisent-ils pour le prochain quinquennat ? Entreprise & Carrières décrypte les programmes.

Une croissance économique qui patine, un chômage qui n’en finit pas d’enfler, des finances publiques sous surveillance, une Europe en crise, où plusieurs pays – Espagne, Italie et, bien évidemment, Grèce – revoient profondément les règles du jeu de la régulation sociale… Quel que soit le futur président issu des urnes, il prendra les rênes d’un pays encore sous le choc de la crise de 2008. Dès lors, quelles mesures sociales seront mises en œuvre lors du prochain quinquennat ? De toute façon, le prochain locataire de l’Élysée sera attendu, avant tout, sur le dossier de l’emploi, classé en tête des préoccupations des Français d’après un sondage OpinionWay-Fiducial pour Les Échos, publié début janvier.

D’abord, l’emploi

L’emploi, c’est-à-dire d’abord les plans sociaux. Quand bien même la part des licenciements économiques ne forme que 3 % des entrées à Pôle emploi, les salariés d’entreprises menacées interpellent les politiques et les attendent sur cette question. En retour, les candidats s’appuient largement sur ces cas emblématiques – Lejaby, Petroplus, ArcelorMittal et d’autres – pour dérouler leurs solutions en la matière.

L’emploi, c’est aussi, bien évidemment, la lutte contre le chômage, dont le taux s’établit désormais à 9,4 % de la population active : 4 millions d’inscrits à Pôle emploi, dont 2,7 millions sans aucune activité, parmi lesquels plus d’un tiers entrent dans la catégorie des chômeurs de longue durée. Sur ces sujets sensibles, chaque candidat semble se recentrer sur ses fondamentaux : emplois aidés pour les jeunes du côté de François Hollande, flexibilité et renforcement des obligations des demandeurs d’emploi pour Nicolas Sarkozy – avec en creux la question de l’orientation des fonds de la formation professionnelle – mais aussi « priorité nationale » du côté de Marine Le Pen et interdiction des licenciements boursiers chez Jean-Luc Mélenchon…

Autre thème fort de la campagne, en lien avec le précédent, celui de la compétitivité des entreprises. Là encore, la réponse diffère selon les candidats. Quand le président sortant fait de la baisse du coût du travail le premier levier de la compétitivité, ses challengers lui opposent l’investissement dans l’innovation et l’enseignement supérieur. Et tous se rejoignent sur le mot d’ordre de la relocalisation, ou du « produire en France ». Omniprésent, l’emploi en éclipserait presque la deuxième préoccupation des Français, à savoir le pouvoir d’achat. Une thématique qui, dans cette campagne, prend corps sur fond de sensibilité exacerbée aux inégalités de revenus. Dans l’opinion, l’augmentation des rémunérations des grands patrons, de 34 % en 2010, ne passe plus, quand la hausse du salaire mensuel de base n’a progressé, cette même année, que de 1,8 %, et le pouvoir d’achat de 0,2 %. La symbolique est forte, au point de constituer un thème central dans le discours des candidats. Reléguant peut-être au second plan les inégalités des salaires entre hommes et femmes, toujours élevées.

Et le reste ? Le temps de travail se fraye un chemin dans le débat électoral via les propos de Nicolas Sarkozy sur les 35 heures et ses accords compétitivité-emploi. Mais à gauche, mis à part dans le projet écologiste, personne ne veut rouvrir le débat sur la question du partage du travail. « Il aurait pourtant eu sa pertinence, dans le contexte de l’emploi actuel », note Olivier Mériaux, chercheur à Sciences Po Grenoble.

Des thèmes ignorés

D’autres thématiques ont été laissées de côté par les principaux candidats, à l’heure où nous bouclons ce numéro. Quid du partage de la valeur ajoutée, de la RSE, de la santé au travail ? « Après des décennies de focalisation sur l’emploi, personne n’aborde la question des conditions de réalisation du travail. Sur ce sujet, l’impulsion politique pourrait être plus forte », poursuit Olivier Mériaux. « Les entreprises ne trouveront pas non plus dans les programmes des réponses au contentieux juridique qui monte, celui de l’égalité de traitement », remarquait Paul-Henri Antonmattei, avocat en droit social, lors d’une conférence organisée mi-mars par le club DeciDRH. Tous 2 constatent que les programmes sont surtout centrés sur des outils conjoncturels, regrettant, globalement, le manque « d’horizon » ou de « flamme » susceptible de révéler la vision d’un nouveau modèle social. Signe des temps de crise, peut-être. Il n’en reste pas moins que les recettes du prochain président de la République, quel qu’il soit, obligeront les entreprises à adapter leur cuisine RH.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI