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Enquête

L’HEURE DU BILAN PLUS QUE DES PROPOSITIONS

Enquête | publié le : 27.03.2012 | ROZENN LE SAINT

Peu présente dans les programmes, la réflexion des partis sur la santé en milieu professionnel s’appuie surtout sur une critique ou une autosatisfaction de la réforme de la médecine du travail de juillet 2011.

La notion de santé au travail s’est seulement frayé une place dans les programmes des candidats d’Europe écologie Les verts (EELV) et du Front de gauche. Si Jean-Luc Mélenchon arrivait au pouvoir, la lutte pour la santé au travail serait même « décrétée cause nationale ». La coprésidente du Front de gauche, Martine Billard, traduit : « Il faut redonner son indépendance à la médecine du travail. La réforme [du 20 juillet 2011, dont les décrets d’application sont parus le 30 janvier dernier, NDLR] l’a rendue plus dépendante des employeurs. Et il faudrait accorder davantage de poids aux représentants des salariés dans les CHSCT. »

Même critique du côté d’EELV, dont le programme prévoit de créer « un service public national de la santé au travail ». « La loi du 20 juillet passe complètement à côté des problèmes, estime François Desriaux, chargé de la question pour la campagne d’Eva Joly. Pour résoudre la pénurie, il faudrait surtout ouvrir le numerus clausus et faciliter le passage des généralistes à la médecine du travail. »

Au FN, Joëlle Mélin propose carrément de « lever le numerus clausus pendant sept ans, et d’orienter une partie des étudiants vers la médecine du travail ».

Notation pour les grandes sociétés

Au PS, on met en avant le « travailler mieux pour vivre mieux », en contrepoint du fameux slogan présidentiel. François Hollande a sorti de sa besace de candidat la proposition de créer un système de notation sociale pour les entreprises de plus de 500 salariés. « Des questionnaires ou des entretiens réguliers obligatoires avec les salariés permettraient d’apprécier l’état social. Cet observatoire aurait un pouvoir de conviction ou de pénalité suffisant pour que des mesures destinées à améliorer le climat d’une entreprise s’imposent », précise Michèle Delaunay, Madame santé au travail du Parti socialiste. Dans la lignée des critiques contre la réforme de juillet 2011, le PS voudrait une présidence alternée des services de santé au travail interentreprises entre les représentants des employeurs et ceux des salariés.

Travaux de recherche

Finalement, seuls le Modem et l’UMP, à l’origine de cette loi, la défendent. Du côté de la majorité présidentielle, on vante le bilan du quinquennat qui s’achève : « Le plus important était de lancer des travaux de recherche en santé au travail, un domaine peu connu. Nous l’avons fait. Nous avons également mis en place le deuxième plan de santé au travail 2010-1014, attendons ses résultats ! » rappelle Philippe Juvin, qui traite ces questions pour la campagne de Nicolas Sarkozy. La notation sociale de François Hollande ? « Un gadget qui ne sert à rien si, derrière, nous ne faisons pas un travail de fourmi de recherche », selon le représentant UMP.

Retraite : un sujet toujours d’actualité

Plusieurs candidats ont souhaité revoir la réforme des retraites. Pour François Hollande, il faut rétablir l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, sans décote ni surcote pour ceux qui ont cotisé 41,5 ans. Il souhaite que les partenaires sociaux renégocient sur la pénibilité et les carrières incomplètes, et propose de revaloriser les petites pensions. Pour financer sa réforme, il mettra à contribution les revenus du capital et les banques, augmentera modérément et progressivement les cotisations vieillesses salariales et patronales.

Eva Joly porte une réforme similaire. Elle veut aussi compenser les carrières féminines incomplètes par le maintien de trimestres gratuits et la mise en place d’une majoration par enfant à charge. Les cotisations pourraient être ouvertes aux étudiants à partir de 20 ans.

« Il faut effectivement renégocier sur la pénibilité et la situation des femmes », estime François Bayrou. Il défend un régime de retraite par points qui assure de la transparence, facilite le choix du moment du départ grâce à la possibilité du rachat de points, et permet de mieux prendre en compte la pénibilité, les rythmes de travail ou l’engagement associatif.

Jean-Luc Mélenchon veut rétablir le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour tous, souhaite que la pénibilité de certaines professions donne droit à des départs anticipés, et veut imposer des retraites d’un montant supérieur au smic.

Enfin, Marine Le Pen veut une retraite à taux plein avec 40 annuités et envisage de ramener « progressivement » l’âge légal à 60 ans.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT