Les enjeux sanitaires du travail sont complexes, ouvrant la porte au traitement individualisé des difficultés. Cela permet souvent de faire l’économie d’une approche structurelle et organisationnelle de la santé au travail. Les modes de management fondés sur le stress, la tyrannie du temps réel, l’individualisation des objectifs et les outils de gestion du travail restent par exemple peu questionnés en terme de santé publique. Le discours organisationnel sur le travail collaboratif, le capital humain et la dynamique des équipes semble se situer à des années lumières des pratiques de terrain vécues dans l’isolement et la peur de n’être pas suffisamment performant.

Sous la direction de Sophie Le Garrec, maître d’enseignement et de recherche à l’université de Fribourg, une équipe de chercheurs franco-suisse confronte les stéréotypes et le discours managérial dominant aux données démographiques, épidémiologiques et sociales.

Ses conclusions visent à dissiper 2 illusions du débat social. Celle de la maîtrise comptable des fins de vie professionnelle, qui ne tient pas compte des stéréotypes concernant les salariés âgés ni de leur malaise dans l’entreprise qui les incite à partir à la retraite le plus tôt possible. Et l’autre illusion selon laquelle l’amélioration des techniques productives et des services résoudrait quasi naturellement la pénibilité du travail.

Non seulement les pénibilités anciennes demeurent, mais, en plus, les facteurs de tension psychologique s’accentuent, faisant de la santé au travail un enjeu nécessaire des politiques publiques et des pratiques des entreprises.

Le Travail contre la santé ?

Sous la direction de Sophie Le Garrec, L’Harmattan, 300 pages, 31 euros.