Soudeur, chaudronnier, mécanicien, peintre aéronautique… Ce sont quelques-uns des métiers que les industriels de Midi-Pyrénées peinent, depuis plusieurs années, à pourvoir. Mais la question des tensions sur le marché du travail a pris un tour nouveau avec des commandes records d’avions, lors du dernier salon du Bourget. « Cela a rempli les carnets de commandes pour les sept à huit ans à venir, d’où la crainte de faire face à des pénuries de compétences, y compris dans d’autres métiers », explique Jean Luminet, président de l’UIMM régionale.
En septembre dernier, il tire la sonnette d’alarme et lance un Grenelle de l’emploi industriel en Midi-Pyrénées. Objectif : conduire un plan d’action « en matière de formation, de gestion des compétences et de mise en relation des talents et des besoins ».
Dans un premier temps, une étude est lancée afin d’en faire un état des lieux précis, à court et moyen termes. Verdict : « Nous aurons besoin de recruter 9 000 personnes dans les deux ans à venir. Ce sont, à parts égales, des ouvriers qualifiés, des techniciens et des ingénieurs. »
Dès lors, plusieurs initiatives sont prises par les professionnels et les institutionnels qui s’impliquent dans la démarche (Direccte, région, Pôle emploi, rectorat…). Des grappes d’entreprises, réunissant donneurs d’ordres et sous-traitants, sont mises en place. L’idée étant de pousser les premiers à être plus transparents sur leurs projets futurs, afin que les seconds anticipent mieux les besoins en main-d’œuvre, à moyen et long termes.
Une méthodologie de recrutement a également été déployée par Pôle emploi, fondée sur l’information, la sélection des candidats par la méthode des habiletés (MRS) et la formation. Exemple, en basse vallée de l’Ariège, où 7 entreprises ont estimé leurs besoins à 120 recrutements, dont 29 à court terme. En décembre, 4 réunions d’information ont été organisées, auprès de 215 demandeurs d’emploi ; 104 ont participé aux visites d’entreprises, 93 ont été évalués positivement à l’issue de leur mise en situation et, fin février, 28 étaient en formation dans le cadre d’une POE. Ils seront ensuite recrutés en contrat de professionnalisation CDD ou CDI. Au total, 80 entreprises, représentant un potentiel de 1 000 embauches, se sont inscrites dans ce dispositif, qui vise à répondre rapidement à des besoins identifiés au plus près du terrain.
La preuve, pour Jean Luminet, que le premier frein à l’emploi industriel réside dans la méconnaissance des demandeurs d’emploi vis-à-vis de ces métiers. « Quand on les informe, cela fonctionne, si l’on sait déceler les compétences des gens pour les orienter vers les bons métiers. Mais, le plus important, c’est d’attirer les jeunes et de les sensibiliser à nos métiers. Or, nous souffrons toujours d’un déficit d’image, et nous devons encore faire des efforts de communication pour montrer que les métiers de l’industrie ont changé, que l’on peut y faire carrière, avec de bons salaires. »
