La grande majorité des Français disent appartenir aux classes moyennes. Pour le sociologue, la notion est pourtant plus restrictive puisque qu’elle ne recouvre que les professions intermédiaires. Elles sont cependant devenues représentatives du cœur de la société française et forment désormais un bloc médian dans la hiérarchie des revenus. Ces fonctions occupent une position carrefour dans l’espace socioprofessionnel, point de passage vers le déclassement ou, au contraire, la promotion sociale.

Contrairement à l’idée répandue selon laquelle ces classes moyennes seraient aujourd’hui prolétarisées, Dominique Goux, chercheuse au Centre de recherche en économie et statistique (Crest), et Éric Maurin, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur à l’École d’économie de Paris, montrent comment elles ont tiré leur épingle du jeu au cours des dernières décennies en jouant à fond la compétition sociale. Moyennant des choix judicieux en matière de carrière, d’éducation et de logement, elles ont su non seulement garder leur statut social mais assez souvent aussi progresser et talonner les classes plus privilégiées.

L’anxiété de déchoir semble paradoxalement expliquer leur réussite. Aiguillonnées par l’inquiétude, elles sont les acteurs les plus dynamiques de la lutte pour les places qui s’est emparée de l’économie à la faveur de la crise. Il n’en reste pas moins que leur aspiration à s’élever et leur statut sans cesse menacé en font un milieu propice au mécontentement social avec lequel les politiques de tout bord doivent aujourd’hui compter.

Les Nouvelles Classes moyennes

Dominique Goux et Éric Maurin, Seuil, 120 pages, 11,50 euros.