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LES FORMATIONS LINGUISTIQUES EN CRISE

Actualités | publié le : 06.03.2012 | LAURENT GÉRARD

Les organismes de formation en langues ont perdu 8,5 % de chiffre d’affaires en moyenne en 2009-2010, selon une étude Linguaid.

La crise a fortement frappé le marché des formations linguistiques : le chiffre d’affaires des prestataires a chuté de 8,5 % en moyenne en 2009-2010 ; 12 défaillances d’organismes ont été enregistrées en 2009, contre 10 en 2008 et 5 en 2007. Les cessions (connues) ont fait un bond : 11 en 2009 contre 4 en 2008 et 2 en 2007. Point positif : les apprentissages linguistiques via l’e-learning et en formation à distance ont progressé (+ 6 % en euros constants), mais bien moins vite qu’au cours des années précédentes.

Tels sont les enseignements essentiels de l’étude “Le marché de la formation langues à l’heure de la mondialisation”, réalisée par le cabinet conseil Linguaid*, datée du 20 février 2012. Cette étude, qui est une mise à jour d’un travail de 2009 (lire Entreprise & Carrières n° 994 du 23/03/2010), analyse les bilans de 177 prestataires réalisant chacun plus de 500 000 euros de chiffre d’affaires sur le marché français : « Seuls 70 % des 253 organismes analysés en 2009 sont encore en activité », constatent les responsables de Linguaid, Andrew Wickham et Joss Frimond. Au-delà des éléments chiffrés (marges, classements…), ils dessinent 5 tendances lourdes et des contre-tendances partielles.

1– Une stabilisation, voire une baisse progressive des budgets : « Les organismes de formation en langues ont connu une année 2011 globalement stable par rapport à 2010, mais le marché reste atone, notent les auteurs. Mais, en contre-tendance, la demande des salariés et des particuliers est en hausse ; de même que les parcours de formation pour les chômeurs, car une partie de la collecte des Opca est redirigée vers ce type de formation. »

2– La pression reste soutenue sur les prestataires et favorise une concentration de l’activité : « Les acheteurs des grandes entreprises, les pouvoirs publics et les Opca mettent sous pression les prestataires en termes de tarifs, de critères de référencement, de certification qualité, de retour sur investissement, de gestion administrative et de traçabilité. Ce qui a des effets négatifs sur la qualité, et favorise une concentration de l’activité. Mais l’offre reste atomisée en raison de l’accroissement du nombre de formateurs indépendants et de la démocratisation des outils du blended learning. Et certains acheteurs de grandes entreprises commencent à analyser les coûts internes des prestataires pour ne pas les fragiliser. »

3– La demande s’individualise et se spécialise : « La demande des entreprises s’oriente vers des parcours courts, personnalisés et spécialisés métier. Mais, en contre-tendances, on note un retour vers les formations collectives en binôme, mini-groupe ou atelier dans des parcours multimodaux, pour réduire les coûts ; et un développement des formations sur catalogue standardisées DIF dans les grandes entreprises. »

4– Le marché mondial de la formation à distance et de l’e-learning est ouvert et en croissance rapide, stimulé par les multinationales et les particuliers : « Les parcours de blended learning multimodaux deviennent la norme. Pour exister sur le marché professionnel, il faut disposer de capitaux conséquents : les petits acteurs en sont donc de plus en plus exclus. Mais un foisonnement de petits acteurs proposent des formations par Skype ou social learning, et certaines grandes entreprises ont abandonné l’e-learning seul, déçus par les taux d’assiduité très faibles et les résultats aléatoires. »

5– Le blended learning à distance se démocratise : « L’interactivité croissante d’Internet permet à des acteurs ne disposant pas de capitaux de créer des programmes de blended learning à distance low cost partout dans le monde. Mais sur le marché des entreprises mondialisées, la tendance est à la centralisation des dispositifs de formation à distance et à la recherche de partenaires capables de proposer une offre globale adaptée. Le ticket d’entrée sur ce marché est de plus en plus onéreux et demande des capitaux importants. »

* <www.etude-langues.fr>

Auteur

  • LAURENT GÉRARD