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L’ALSACE DESSINE UNE GPEC TRANSFRONTALIÈRE

Pratiques | publié le : 28.02.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

Dans les zones frontalières de l’Allemagne et de la Suisse, les maisons de l’emploi multiplient les prospectives RH pour continuer à profiter du plein-emploi de l’autre côté du Rhin.

Une époque est révolue, celle – pas si lointaine – où les salariés alsaciens trouvaient du travail en Allemagne et en Suisse voisines sans difficultés, même sans qualification. Les territoires frontaliers des 2 pays affichent toujours un insolent taux de chômage de moins de 4 %, mais les besoins des employeurs sont montés en exigence et en précision, d’où la nécessité de les cerner plus finement et de bien identifier les secteurs porteurs. À cette fin, diverses actions de GPEC transfrontalières sont en cours, pilotées par plusieurs maisons de l’emploi alsaciennes.

Dans le secteur de Saint-Louis/ Sundgau voisin de la Suisse, la maison locale de l’emploi se veut très pragmatique. Elle est partie à la pêche aux chiffres précis de travailleurs frontaliers auprès de l’office de l’emploi de Bâle. « Le nombre de Français stagne pendant que celui des frontaliers allemands augmente, ce que nous expliquons par la moindre pratique de l’allemand en Alsace, une qualification insuffisante et des techniques de recherche d’emploi inadaptées », décrit son directeur, Stéphane Cheref.

Formation linguistique

Outre une cyber-base d’accès gratuit aux offres transfrontalières et aux informations détaillées sur la rédaction des dossiers de candidature, la maison a monté avec le Greta de Haute-Alsace une formation intensive en allemand (180 heures sur six semaines) pour les débutants, adaptée à l’environnement professionnel. Soixante-trois des 97 stagiaires de 2009 et 2010 ont retrouvé un emploi, en Suisse pour l’essentiel. Le bilan est en cours pour les 60 de 2011. Elle organise en outre chaque année un Forum de l’emploi et 3 ou 4 job dating transfrontaliers, dont le plus récent, en novembre, a mis 200 demandeurs d’emploi français en rapport avec 250 offres de 10 entreprises suisses.

Ailleurs, la réflexion porte davantage sur les passerelles entre les métiers. À Strasbourg, la GPEC transfrontalière conduite avec l’agence pour l’emploi d’Offenbourg a démarré à l’automne 2010. Elle a débouché sur une première cartographie des besoins et des surplus de main-d’œuvre dans 50 métiers différents. Et elle a montré que, contrairement à une idée communément admise, seule une poignée de métiers (comme les soudeurs ou les mécaniciens) étaient à la fois en sureffectif côté français et en sous-effectif côté allemand.

D’où la nécessité désormais d’affiner ce travail, explique Vincent Horvat, directeur de la maison de l’emploi strasbourgeoise : « La croissance verte suppose de définir les métiers qu’elle recouvre. Les entreprises ont exprimé le souhait de constituer une filière autour des congrès et salons, mais il faut au préalable en cerner le périmètre. Pour l’économie sociale et solidaire, il a fallu repérer les interlocuteurs allemands. Et, tous sujets confondus, la connaissance sur l’offre de formation de l’autre côté du Rhin est quasi nulle, il y a donc tout un travail de recensement à effectuer. » Les premiers résultats concrets sont attendus fin 2012.

De son côté, la maison de l’emploi de Mulhouse vient de rendre franco-allemand le site <monmetierdedemain.com>. La nouvelle mouture du site élargit au bassin voisin de Fribourg-en-Brisgau la description de parcours de reconversion professionnelle possibles pour des demandeurs d’emploi venus de métiers en déclin et désireux de s’orienter vers les secteurs qui créent des postes. Cinquante métiers porteurs avaient déjà été identifiés côté français, 9 d’entre eux sont étendus au bassin de Fribourg. Les services publics de l’emploi outre-Rhin en ajouteront 30 autres spécifiques à leur territoire.

Autant d’initiatives qui restent pour l’instant très locales, mais répondent à des enjeux communs et auraient tout à gagner à être partagées à l’échelle de la région Alsace. Peut-être la prochaine étape ?

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON