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Enquête

DERRIÈRE LA VOITURE, CHERCHEZ LA FEMME

Enquête | publié le : 28.02.2012 | E. F.

Le constructeur automobile veut recruter plus de femmes pour vendre plus de voitures, mais ne tient pas ses objectifs.

Les femmes participent à la décision d’achat du véhicule du foyer dans 60 % des cas. Or plus les salariés d’une entreprise reflètent sa clientèle, plus ses produits sont adaptés aux attentes des clients. Donc en féminisant ses effectifs, un constructeur automobile peut augmenter ses ventes. Tels sont les postulats de la politique de mixité de Renault depuis quelques années. « Vers 2006, nous avons pris conscience que les femmes étaient faiblement représentées dans nos effectifs », rappelle Claire Martin, directrice responsabilité sociale et environnementale (RSE). Il y a une dizaine d’années, la proportion de femmes était de 10 % parmi les salariés de Renault dans le monde – 17 % aujourd’hui. « Il en résultait une perte de talents et d’opportunités de développement, poursuit Claire Martin. En outre, il y a une attente de la société en général ainsi que de nos salariées pour faire progresser la mixité. » De cette combinaison de facteurs est né en 2010 le programme mondial Women@Renault. Il vise à attirer et à retenir les “femmes de talent”, c’est-à-dire à partir de bac + 2. Il se fixe notamment comme objectif d’atteindre 30 % de femmes parmi les collaborateurs recrutés sur des postes de techniciens et d’ingénieurs, sachant que les promotions d’écoles françaises qui intéressent Renault comportent 25 % de femmes.

Pour attirer les candidates, le volet français du programme prévoit essentiellement des actions de communication auprès des étudiantes – en partenariat notamment avec l’association Elles bougent. Les recruteurs ont également pour consigne de porter une attention particulière aux candidatures féminines. Une fois qu’elles sont dans l’entreprise, Renault s’assure qu’il y a toujours au moins une femme parmi les candidats à la succession d’un manager, garantit l’égalité salariale, œuvre à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (crèches, télétravail…) et propose des formations au leadership.

Progression de carrière

L’objectif de 30 % de femmes parmi les recrutés n’est pas atteint : 24 % en 2010 et 2011. « Trop peu de femmes sortent des écoles, justifie Claire Martin. En outre, l’automobile ne jouit pas d’une bonne image. » Le volet du programme relatif à la progression de carrière semble obtenir davantage de résultats puisqu’il y a aujourd’hui 17 % de femmes au comité directeur (qui compte 24 personnes), et 3 femmes (sur 10) au comité exécutif, alors qu’il n’y en avait jamais eu avant 2009.

GROUPE RENAULT

• Activité : automobile.

• Effectifs : 122 615 salariés (au 31 décembre 2010).

• Chiffre d’affaires : 42,6 milliards d’euros en 2011.

LES PAYS DE L’EST EMPLOIENT DAVANTAGE D’OUVRIÈRES

Il n’y a que 9 % d’ouvrières dans les usines françaises de Renault. Ce n’est pas vraiment un problème pour la direction dont le programme Women@Renault ne cible que les techniciennes et au-delà. Toutefois, sans plus d’efforts dans ses usines roumaines, le constructeur y emploie 4 fois plus d’ouvrières (35 %). Alors même que les chaînes « sont moins automatisées », selon Claire Martin, directrice RSE.

Les raisons de cet écart de mixité ne tiennent donc pas aux conditions de travail, mais à l’Histoire : « Renault a racheté Dacia. Or à l’époque communiste, l’industrie employait aussi bien des femmes que des hommes ; c’est lié au régime, qui postulait l’égalité hommes-femmes », explique Claire Martin. Les usines russes de Renault emploient quant à elles 28 % d’ouvrières.

Auteur

  • E. F.