Un double sentiment prévaut en France : celui selon lequel le capitalisme libéral serait incontournable et l’idée tenace, concomitante, qu’il ne peut que mener notre pays à sa perte. Ce fatalisme nourrit amplement les mouvements souverainistes qui prétendent sauver le pays en le faisant sortir du jeu de la mondialisation.

Pour Jean-Louis Beffa, président d’honneur de Saint-Gobain et coprésident du Centre Cournot pour la recherche en économie, la mondialisation ne couronne pas le modèle libéral-financier, mais le modèle industriel traditionnel. Seule une interprétation erronée et idéologique du capitalisme permet la collusion. Accepter la nouvelle donne économique mondiale, ce n’est pas s’en remettre aux financiers pour le meilleur et surtout pour le pire, pour peu qu’il existe la volonté politique de s’y opposer et de remettre sur pied une véritable stratégie industrielle fondée sur l’investissement, l’innovation et les relations sociales. L’objectif de l’ouvrage est de définir un modèle alternatif au choix libéral-financier et de montrer que des actions publiques simples et concrètes, menées essentiellement par l’outil législatif, peuvent permettre de redresser la barre et de réconcilier les travailleurs avec les entreprises. Les choix sont à faire rapidement, sous forme d’aides publiques aux entreprises industrielles, d’une plus grande présence des salariés aux conseils d’administration, de freins aux rachats hostiles, etc. Un modèle économique viable passe aussi par une vision des rapports sociaux et du pacte social dans lequel les entreprises s’insèrent.

La France doit choisir

Jean-Louis Beffa, Seuil, 286 pages, 18 euros.