Le 18 février, le Premier ministre a proposé de consacrer l’intégralité des 30 milliards de la formation professionnelle aux seuls demandeurs d’emploi.

« C’est une idée ridicule qui n’a pas de sens, a estimé François Chérèque, leader de la CFDT, au micro de RTL le 21 février. 40 % de ces 30 milliards sont déjà utilisés pour les personnes sans emploi, pour les jeunes en insertion, pour les apprentis, pour les chômeurs. Le reste, c’est pour la formation dans les entreprises ou dans les fonctions publiques. Si on ne forme plus les salariés dans les entreprises, leur employabilité et leur productivité diminuent. » « La déclaration de François Fillon me sidère ! commente Jacques Bahry, délégué général du groupe Cesi, mais aussi vice-président de la Fédération de la formation professionnelle et du Centre Inffo. Les deux tiers de ces dépenses, soit 20 milliards d’euros, sont affectés à la rémunération de personnes durant leur formation : je ne vois pas par quel moyen elles pourraient, d’un coup de baguette magique, être transformées en dépenses de formation en faveur des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, 13 milliards d’euros correspondent en majeure partie à du financement d’entreprise : retirer cet argent aux entreprises serait proche d’une spoliation et pourrait entraîner toute une série de contentieux au niveau européen. »

Le 19 février, Pascale Gérard, Vincent Peillon, Jean-Patrick Gille et Jean-Paul Denanot, membres du Parti socialiste chargés des questions de formation professionnelle auprès de François Hollande, avaient détaillé les chiffres : « François Fillon a supprimé en cinq ans la plupart des crédits d’État pour la formation des chômeurs. Si la France dépense bien 31,3 milliards d’euros par an pour la formation professionnelle, quelles sommes entend-il reprendre en main ? Les 6 milliards d’euros pour la formation des agents de la fonction publique ? Les 5 de l’apprentissage ? Le milliard d’euros que les particuliers investissent dans leur propre formation ? Les 13 milliards d’euros que les entreprises consacrent à la formation continue de leurs salariés, leur permettant ainsi d’évoluer professionnellement, de s’adapter aux mutations technologiques et de contribuer ainsi au renforcement du tissu productif de la France ? Les 6,1 milliards restants qui relèvent des régions et de Pôle emploi pour précisément financer la formation des demandeurs d’emploi ? » Il se disent perplexes et dénoncent « la démagogie de celui qui fut ministre du Travail et qui, comme Premier ministre, a porté deux réformes de la formation professionnelle, en 2008 et 2009 ».