logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

UN ENJEU DE DIALOGUE SOCIAL

Enquête | publié le : 21.02.2012 | E. S.

Pour que la médiathèque puisse, sans conflit, ouvrir le dimanche après-midi, la municipalité a choisi de ne pas l’imposer et négocié avec les syndicats un accord visant à préserver au maximum le volontariat.

Lorsque le conseil municipal de Suresnes (Hauts-de-Seine) vote l’ouverture dominicale de la médiathèque, en octobre 2009, cela marque l’aboutissement d’un long processus de négociation. Car il aura fallu quatre mois de discussions pour que cela puisse se faire sans heurts (27 dimanches après-midi par an, d’octobre à avril).

L’idée, au départ, inquiète les 40 salariés, qui travaillent déjà le samedi. « Les agents n’étaient pas opposés à l’ouverture de la médiathèque, mais ils ne voulaient pas qu’on leur impose de venir ce jour-là. Certains ne voulaient pas du tout travailler le dimanche, se demandaient comment ils allaient faire garder leurs enfants. Ils sont donc venus nous voir pour que l’on négocie les conditions d’ouverture. Nous étions prêts à déposer des préavis de grève tous les dimanches pour cela », raconte Mustapha Zamoun, délégué CGT.

En toute légalité, la mairie aurait pu passer en force et imposer au personnel de travailler le dimanche. Mais l’adjointe au maire chargée des RH, Béatrice de Lavalette, constatant les blocages, a décidé de « faire entrer les syndicats dans le jeu ». « Je tenais à obtenir un consensus des organisations, car on ne porte pas de tels projets contre les acteurs concernés », précise-t-elle.

Une prime qui a fait la différence

L’ouverture dominicale de la médiathèque est alors suspendue et plusieurs semaines de négociations démarrent, qui aboutissent à définir des mesures compensatoires adoptées lors du comité technique paritaire de septembre 2009. Pour ces quatre heures et demi de travail supplémentaires, les agents peuvent opter entre une récupération du double des heures travaillées, ou une rémunération majorée de deux tiers du taux horaire assortie d’une récupération de 20 minutes par heure dominicale travaillée. Une prime annuelle est également versée : 170 euros pour plus de 5 dimanches travaillés, et 230 euros au-delà de 8 dimanches. « C’est cette prime qui a fait la différence et emporté l’adhésion des syndicats », se souvient Jean-Marc Saint-Augustin, chef du service des relations sociales. Car la mairie ne peut garantir le volontariat que tant qu’il n’empêche pas l’ouverture de la médiathèque – les encadrants, notamment, sont « directement sollicités », admet Julien Pauthe, directeur de l’établissement. Il a donc fallu trouver des incitations – la prime – et un système pour renforcer les effectifs. Ainsi, l’accord prévoit que la moitié de la quinzaine d’agents présents le dimanche seront des étudiants vacataires recrutés pour l’occasion.

Plus de volontaires

Au bout de 3 saisons d’application de l’accord, tout le monde semble satisfait de la façon dont tourne la médiathèque. « Jusqu’ici, nous avons eu plus de volontaires que de pénurie, affirme Julien Pauthe. Les agents volontaires s’inscrivent au planning – un tableau excel partagé sur le réseau informatique – aux dates qui les intéressent. Par exemple, l’un d’entre eux s’est inscrit pour les 27 dimanches, d’autres n’en font aucun. »

Accord nécessaire

Quant aux contreparties, la plupart des salariés optent pour le paiement majoré. « Au cours de la première saison, 104 dimanches ont été payés, 13 récupérés. Quinze personnes ont touché la prime des 5 dimanches, et 4 celle des 8 dimanches », égrène Jean-Marc Saint-Augustin. « L’accord avec les syndicats était nécessaire, l’ouverture dominicale aurait été infaisable s’ils s’étaient braqués », conclut Julien Pauthe, évoquant les mouvements de grève qui, à Paris, ont accompagné pendant trois mois l’ouverture dominicale de 3 médiathèques, à l’été 2010.

Auteur

  • E. S.