Le terme de discrimination est généralement associé aux discriminations par les origines ethnique ou sociale. Le champ de la discrimination est hélas beaucoup plus large : les femmes et les personnes âgées en sont parmi les premières victimes. Au-delà de l’aspect moral dont nos dirigeants se sont emparés, la question des discriminations est à mettre en rapport avec celle des inégalités.

Vincent Edin, journaliste, et Saïd Hammouche, fondateur de l’association Mozaïk RH, cabinet de recrutement à but non lucratif pour l’accompagnement des jeunes diplômés des quartiers dans leur recherche d’emploi, rappellent que notre société suit actuellement une logique communautariste : celle de la communauté des favorisés. Les auteurs expliquent, chiffres et témoignages à l’appui, pourquoi vider le débat de la discrimination d’une réflexion sur l’égalité constitue une aberration économique. Les femmes ne sont plus des mères au foyer : elles ont suivi des études supérieures et sont souvent plus diplômées que les hommes, leur participation à l’économie est désormais incontournable. Les immigrés et leurs enfants ne sont plus une variable d’ajustement sur le marché de l’emploi, mais représentent une partie de plus en plus importante de la population. Les seniors sont détenteurs d’un savoir à transmettre, dont rien ne justifie qu’ils soient écartés de l’emploi 7 fois plus que les autres, etc.

Le coût lié aux discriminations est le véritable enjeu de demain en termes d’éducation, de logement, de santé et d’emploi. Les pertes et les coûts induits finiront par être les fossoyeurs du système si rien n’est fait pour redresser la barre.

Chronique de la discrimination ordinaire

Vincent Edin et Saïd Hammouche, Folio, 240 pages, 3,50 euros.