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UN KINÉ DANS CHAQUE USINE PSA

Pratiques | publié le : 14.02.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

Le constructeur automobile a peu à peu embauché des kinésithérapeutes pour ses plus grosses usines. Ils doivent prévenir et commencer à traiter les problèmes de TMS. Exemple à Mulhouse.

Dans la foulée de Sochaux, il y a six ans, puis de Mulhouse, en octobre 2008, un kiné a été embauché à temps partiel ou complet à Aulnay, Poissy, Trnava en Slovaquie, Vigo en Espagne et, enfin, Rennes au printemps dernier. À Mulhouse, Émilie Delore-Millès a démarré à mi-temps, principalement dans le but de lancer une étude d’observation des problèmes de dos sur un panel de 3 000 salariés. Elle est passée à temps complet en mars 2010, au service de l’ensemble des 10 000 salariés permanents ou intérimaires du site alsacien.

Pratique sportive sur le temps de travail

« Je ne suis pas là pour ôter du travail aux collègues du secteur libéral. Mon action se concentre sur la prévention. Et le kiné en entreprise, ce n’est pas des séances de massage ! » indique-t-elle, d’emblée. Ceci n’empêche pas de – très – bien remplir les journées. Émilie Delore-Millès suit la quarantaine d’opérateurs affectés aux postes identifiés comme lourds ou à fortes contraintes de posture. Ils participent à une session de dix heures de théorie et de pratique sportive durant six semaines, sur leur temps de travail.

Par ailleurs, l’arrivée de la kiné a réactivé les formations “gestes et postures”, après examen précis de chaque poste, y compris par la vidéo. Les salariés s’y succèdent sur la base du volontariat. Une autre formation “Mon Gest” (pour “gestuelle moniteur”) a été instaurée depuis 2010 à l’intention de 300 responsables hiérarchiques de différents niveaux. L’essentiel du temps de travail de la kiné est toutefois consacré à une activité qui va un peu au-delà de la stricte prévention : le réentraînement à l’effort des salariés souffrant de lombalgies. Pendant 24 séances d’une heure, étalées sur deux mois, des salariés viennent rééduquer leur dos, identifié comme le souci très majoritaire de TMS à PSA Mulhouse.

Ils ont été environ 120 l’an dernier, répartis en petits groupes de 5 à 8. Ils sont venus d’eux-mêmes ou à l’initiative de leur manager ou du service santé, qui ont été alertés par leurs plaintes régulières, leurs visites répétées à l’infirmerie, une succession d’arrêts courts de travail, etc. « Nous passons de toute façon par le filtre de l’avis du médecin, c’est lui qui les envoie », indique Émilie Delore-Millès, qui constate la présence significative de jeunes à ces séances.

Travaillant avec un moniteur de sport, également à demeure dans l’usine, la kinésithérapeute de PSA Mulhouse se trouve donc à l’interface entre le personnel, le management de terrain, le service santé ainsi que les 5 ergonomes du site et les 9 gestionnaires d’aptitude au poste, des encadrants de proximité qui vérifient l’employabilité sur les postes selon leur pénibilité.

Réunion avec les CHSCT

Avec les représentants du personnel, le dialogue s’opère au minimum par une réunion annuelle avec les CHSCT des différents secteurs de l’usine. « Leurs questions portent souvent sur la distinction entre la part du privé et du professionnel dans les problèmes de dos, mais il m’est difficile de la faire », note la kinésithérapeute.

Les syndicats ont salué positivement son arrivée. Pour le délégué CGT Julien Wostyn, toutefois, « ce n’est pas cela qui va régler le problème de fond des cadences de travail augmentées, qui ne peuvent que provoquer la hausse des TMS ».

Selon Patrick Schorr, le responsable FO, « la kiné aide les gens à se prendre en main. Il lui reste encore à trouver toute sa place dans le personnel de santé de l’usine ».

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON