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États-UnisUN MENTORAT MONDIAL POUR LES JURISTES D’IBM

Pratiques | International | publié le : 14.02.2012 | CAROLINE TALBOT

Les juristes d’IBM bénéficient d’un système de mentorat déployé dans 53 pays. Le prix Optimas, du magazine RH Workforce Management, salue l’initiative.

Une fois n’est pas coutume, c’est le service juridique d’IBM qui occupe le devant de la scène. Ses experts, qui travaillent dans l’ombre sur les achats du groupe, déposent les licences ou encore rédigent les contrats liant Big Blue à ses partenaires, viennent de décrocher le prix Optimas, une reconnaissance très convoitée, décernée chaque année à une dizaine d’entreprises par le magazine Workforce Management, le spécialiste américain des ressources humaines. C’est en l’occurrence dans la catégorie “Vision globale” que l’entreprise a été distinguée.

Les raisons de ce coup de projecteur ? Un vaste programme de mentorat qui lie IBMers expérimentés et nouveaux venus, soit 800 tandems au sein du service juridique, dans 53 des 170 pays où l’entreprise est présente.

La vice-présidente, Jess Lorden, coordinatrice du programme et elle-même juriste, se souvient des débuts du mentorat sur le seul sol américain, en 2006. Les discussions sur Internet entre juristes avaient permis de dégager deux besoins importants. Ces spécialistes du droit gérant une multitude de services avaient besoin d’un réseau de soutien.

« Combler le gap des savoir-faire »

L’idée était de « partager des ­expériences, des anecdotes, de travailler plus ensemble », dit Jess Lorden. Il fallait aussi « combler le gap des savoir-faire ». IBM embauche des nouveaux venus ou accueille les juristes des entreprises absorbées et il faut rapidement les intégrer. Le besoin s’est fait d’autant plus vite sentir au sein d’autres pays où travaillent des juristes. « Nous sommes très dispersés géographiquement, résume Jess Lorden. Mais nous voulions créer un meilleur réseau d’avocats, dans les différents pays, avec des langues et des expertises différentes. »

La coordinatrice du programme reçoit un courriel chaque fois qu’un nouveau rejoint les rangs des IBMers. Aux États-Unis, elle s’occupe elle-même de créer des duos, en sélectionnant des mentors et leurs protégés, ce qui suppose de s’adapter aux demandes des uns et des autres. « J’avais par exemple une très bonne avocate qui ne comprenait pas pourquoi elle ne progressait pas dans sa carrière. La mise en relation avec un collègue expérimenté lui a permis de mieux présenter son dossier et elle a obtenu une promotion. J’ai aussi envoyé vers un avocat européen du groupe un juriste américain qui voulait faire carrière à l’international. »

Jess Lorden est elle-même mentor de 6 recrues aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine, en Europe, en Corée du Sud et en Chine. Elle souligne l’intérêt d’un dispositif qui fonctionne dans les 2 sens et dit apprécier « les leçons apprises auprès de ses protégés » : « par exemple, je ne connaissais pas le marché asiatique. Là-bas, la loi est en cours d’élaboration… »

Échange d’informations sensibles

Il ne faut pas dépasser un réseau de 10 mentorés pour bien accomplir sa mission, estime-t-elle. Les couples sont en effet censés se voir ou se parler sur Skype toutes les six à huit semaines. Mais, en cas de besoin, le protégé peut appeler à l’aide et obtenir un soutien très rapide. Le programme permet d’échanger des informations parfois sensibles, que ce soit pour l’entreprise ou au plan personnel, dans un environnement sécurisé. Par exemple, identifier les domaines de progression ou d’insuffisance, ou les compétences à acquérir pour atteindre tel ou tel objectif de carrière.

Le programme n’est pas obligatoire. Certains juristes seniors ont refusé, avoue Jess Lorden. Mais ils sont rares. Et si la relation n’est pas satisfaisante, Jess Lorden tente de nouveaux mariages. Un fil légal, sur Internet, permet aussi d’échanger informations et tuyaux. Et, chaque mois, on distingue les meilleurs mentors.

La formule plaît. Dans les sondages internes, 90 % des IBMers se disent satisfaits. Le moral est au beau fixe et les départs volontaires se sont réduits, passant sous la barre des 10 %. « Le mentorat est un bon outil de rétention », constate Jess Lorden. Désireuse de mieux connaître l’efficacité du système, elle a demandé aux experts de l’université Cornell de mener l’enquête auprès de 150 tandems. Bientôt les IBMers en sauront plus sur la nature de leurs couples.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT