Les responsables formation en entreprise restent indécis face à la réforme des Opca, comme l’ont montré les débats à la convention du Groupement des acteurs et responsables de la formation (Garf) des 12 et 13 janvier derniers. « Le regroupement des Opca influera très certainement sur leurs modes de gouvernance, analyse Dominique Camusso, secrétaire général du Garf. Devant concilier des intérêts qui seront obligatoirement plus divers, les responsables de formation ne peuvent que craindre un plus grand éloignement entre les orientations des Opca et leurs préoccupations quotidiennes. Cette situation exigera des responsables de formation une plus grande présence auprès des instances de pilotage de leur nouvel Opca. »
Sur l’extension des missions des Opca vers le conseil, les responsables formation y voient à la fois « une opportunité » (rapprochement entre Opca et entreprises, meilleure prise en compte réciproque des politiques de branche et celles d’entreprise, possibilité de disposer d’une fonction de marketing achats…), mais également un risque de « perte d’autonomie pour l’entreprise confrontée à un Opca prescripteur »: prescripteur d’action pour faire fonctionner les dispositifs de financement, et d’organismes de formation, avec lesquels ils auraient établi des liens privilégiés.
« À l’extrême, la modification du rôle des Opca pourrait se traduire par une transformation de la relation antérieure en une relation commerciale où le service à l’entreprise dépendrait du niveau de versements apportés, prévient Dominique Camusso. D’un point de vue financier, les responsables formation voient dans cette modification une éventuelle opportunité pour bénéficier de prises en charge complémentaires. Mais cette hypothèse favorable est très vite contrebalancée par une inquiétude sur le coût de ces nouveaux services. »
Du fait de cette double incertitude (gouvernance, prescriptions), les responsables formation craignent « une augmentation de la dimension procédurière des relations avec les Opca, en même temps que leur domaine d’intervention s’élargit », précise le secrétaire général du Garf.
Enfin, d’un point de vue organisationnel, l’élargissement des missions des Opca apparaît aussi comme pouvant favoriser une externalisation de la gestion et du financement de la formation. Cette hypothèse est perçue à la fois comme une opportunité de se débarrasser d’activités sans valeur ajoutée, et comme une menace de perte de compétences.
Face à ces inquiétudes, Dominique Camusso se veut quand même rassurant : « De toute façon, tempère-t-il, les responsables formation se demandent si les Opca auront les compétences pour se placer sur le marché de ces nouveaux services. C’est peut-être là qu’ils se sentent actuellement le plus en position de force, du fait de la connaissance de leur entreprise ».
