E & C : La dernière étude d’Entreprise & Personnel aborde la délicate question de la qualité de vie au travail. Vous constatez un regain d’intérêt des entreprises à son propos. Pourquoi ?

E. C. : Au-delà de l’effet médiatique et des injonctions politiques du plan Darcos, les entreprises ont, semble-t-il, compris que cette qualité a été fragilisée du fait, notamment, d’une recherche de productivité omniprésente, d’une maîtrise plus délicate de la charge du travail imposée par des acteurs internes et externes de plus en plus divers, et du développement des outils technologiques qui sursollicitent les capacités cognitives des individus. Elles souhaitent donc réinvestir ce terrain de la qualité de vie au travail et la valoriser.

E & C : Qu’englobent les entreprises dans cette notion ?

E. C. : Cette notion renvoie aux moyens mis en place pour proposer un cadre de travail agréable aux salariés afin de renforcer leur niveau d’engagement et leur implication. On observe principalement 5 grands types d’actions : l’écoute des salariés – numéro vert, cellule psychologique, présence d’un management de proximité… – ; la mesure et le diagnostic – enquêtes, baromètres, observatoire – ; la formation et la sensibilisation du plus grand nombre, tant des managers, des responsables RH que des salariés ; l’aménagement de l’environnement de travail – environnement physique et relationnel du travail – et, enfin, l’articulation entre vies professionnelle et privée – conciergerie et services divers, dispositifs permettant de concilier carrière et contraintes personnelles.

E & C : Pourtant, vous considérez que cette qualité de vie est souvent un miroir aux alouettes.

E. C. : Oui, car la qualité de vie au travail ne s’intéresse souvent qu’aux seuls périphériques du travail. C’est une réponse qui demande à être complétée par une recherche de la qualité de vie “par” le travail. En clair, il faut s’engager sur le travail lui-même, approche évidemment plus compliquée. Car cela suppose de réinterroger, voire réajuster, le sens, le contenu, la charge et l’organisation du travail. Le manager de proximité est, dans cette démarche, essentiel, sous réserve qu’il dispose de moyens et des compétences nécessaires. Tout comme peut l’être une structure dédiée à cette qualité de vie au travail pour insuffler une nouvelle philosophie d’entreprise.