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EN BRETAGNE, DES JEUNES DÉTENUS REMIS SUR LE CHEMIN DE L’EMPLOI

Pratiques | publié le : 31.01.2012 | OLIVIER QUARANTE

Un dispositif unique en France permet à des jeunes détenus de Lorient d’être accompagnés pour réussir leur insertion sociale et professionnelle. Les entreprises sont au cœur de la démarche.

Depuis un an, des jeunes âgés de 16 à 25 ans, détenus au centre pénitentiaire de Ploemeur (près de Lorient), peuvent participer à une démarche unique en France, baptisée Libr’emploi, qui vise à favoriser leur retour ou leur accès à l’emploi. Touchés par une qualification faible ou absente, un niveau d’études peu élevé et une courte expérience professionnelle, ils subissent en outre les effets liés à leur incarcération.

L’un des enjeux de cette démarche, coordonnée par la mission locale du Pays de Lorient avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation, est donc de rétablir des liens entre le monde carcéral et celui de l’entreprise. À cette fin, des visites d’entreprises locales ont été organisées en novembre et décembre derniers. Comme chez Copex, PME spécialisée dans la fabrication de machines outils pour le travail des métaux. Pascal Moussé, responsable de production, n’a pas cherché un intérêt direct dans l’opération. Selon lui, il s’agissait juste « de leur donner un coup de main. Si personne ne leur consacre un peu de temps, ils n’y arriveront pas ».

Altruisme

Même motivation altruiste de la part de Sébastien David, directeur de l’entreprise Le Flécher (maintenance, dépannage et montage industriel). Au total, une quarantaine de jeunes détenus ont pu découvrir les métiers de secteurs très divers (maçonnerie, menuiserie, industrie, hôtellerie…).

Dans le même esprit, une visite de l’établissement pénitentiaire par des chefs d’entreprise a été organisée. « Nous devons accompagner le changement de mentalités nécessaire à la déconstruction des stéréotypes qu’ont les uns et les autres », souligne Fabienne Canut, directrice de la mission locale.

Libr’emploi consiste également en un accompagnement spécifique, qui repose sur l’acquisition de techniques de recherche d’emploi, une dynamisation personnelle avec un développement comportemental favorisant l’autonomie et la mobilité d’emploi. La mise en situation professionnelle des jeunes détenus s’effectue à travers la réalisation de stages et/ou de missions intérimaires. Copex a par exemple reçu un jeune « sous main de justice » en stage d’observation pendant trois jours.

En 2011, une trentaine de jeunes ont été suivis : 14 ont signé au moins un contrat de travail pendant l’accompagnement avec une majorité de CDD et de contrats d’intérim dans les secteurs BTP, nettoyage industriel, déménagement, pose d’enseignes, restauration, chaudronnerie industrielle ; 7 sont entrés en formation ; un a signé un contrat en alternance (coffreur bancheur) et un autre est retourné en formation initiale. Public oblige, rien n’est laissé au hasard. La première condition pour bénéficier de cet accompagnement hors les murs est d’obtenir l’accord du juge d’application des peines pour être placé en régime de semi-liberté : la nuit au centre pénitentiaire, le jour en dehors.

Un projet professionnel réaliste

Selon le projet et le profil du jeune, 3 à 5 rendez-vous sont calés à la mission locale pour coordonner le dispositif. Ensuite, l’équipe d’Inter Pôle, une société spécialisée en ressources humaines, prestataire pour suivre ces jeunes, construit avec eux un projet professionnel. « Il doit être réaliste et correspondre à leurs compétences acquises, leurs atouts, leur motivation et être en adéquation avec le marché de l’emploi et le contexte personnel : âge, mobilité, famille, contraintes particulières… », indique Anne Cyrille, consultante RH. Inter Pôle met au service du dispositif son réseau d’entreprises. L’engagement du jeune est contractualisé suivant un calendrier précis. « Cela le place dans des conditions et des situations propres au monde de l’entreprise », considère Fabienne Canut.

Auteur

  • OLIVIER QUARANTE