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Enquête

« LES OPCA DOIVENT RENFORCER LEURS RESSOURCES HUMAINES »

Enquête | publié le : 31.01.2012 | L. G.

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« LES OPCA DOIVENT RENFORCER LEURS RESSOURCES HUMAINES »

Crédit photo L. G.

Il faut créer un grand nombre d’emplois de conseillers, attachés territorialement à des bassins d’emploi, pour accomplir les nouvelles missions des Opca, affirme Alain-Frédéric Fernandez*, consultant.

« La réforme des Opca est un succès dans la mesure où elle a été conduite de façon opérationnelle, produisant dans les délais prévus le principal effet attendu : permettre aux Opca, clés de voûte de notre système de formation professionnelle, d’atteindre une taille critique pour assurer leurs missions. La barre des 100 millions d’euros, exigée pour le nouvel agrément, a permis aux branches des alliances et des regroupements profitables à la mobilité et une meilleure vision d’un marché de l’emploi et de la formation plus global. Des conventions d’objectifs et de moyens signées avec l’État ajoutent une notion de transparence et de pilotage à leur gestion.

Il reste maintenant à accomplir l’essentiel, qui n’a pas été concrètement prévu par la réforme : accompagner les PME-TPE vers la compétence nécessaire à leur développement en France et à l’international; compétence indispensable également au maintien dans l’emploi des millions de salariés solidaires de notre tissu de petites entreprises. L’une des conditions d’agrément a été en effet “l’aptitude à assurer des services de proximité à destination des PME-TPE”.

C’est pourquoi, aujourd’hui, les partenaires sociaux, l’État et les régions doivent engager une réflexion opérationnelle sur les ressources humaines supplémentaires dont devraient disposer les Opca. Conseiller les PME sur les dispositifs de formation par un contact direct ou un accueil téléphonique, orienter les actions dans une logique de gestion prévisionnelle de compétences, optimiser les financements de Pôle emploi et du FPSPP pour les publics prioritaires majoritairement présents dans la petite entreprise, informer les experts-comptables… : tout ceci ne pourra pas se faire à iso-effectif dans les Opca.

Il est nécessaire de créer au plus vite un grand nombre d’emplois de conseillers, attachés territorialement à des bassins d’emploi, transversaux aux branches, pour accomplir ces nouvelles missions. Ils agiraient comme de véritables responsables de formation et compétences, en temps partagé entre les entreprises de leur portefeuille. J’estime que 3 000 postes  un par microbassin d’emploi  sont nécessaires, pour un coût à partager entre FPSPP, régions et État par exemple.

Une idée : ces postes de conseillers pourraient être tenus, notamment, par des jeunes en passe d’être diplômés en RH et formation, pour lesquels ce serait une expérience pratique et un tremplin vers l’emploi, durant une durée limitée à deux ans par exemple.

Ce renforcement des effectifs, en dehors de l’effet visible qu’il aura en direction des PME, permettrait aux salariés de ces entreprises de ne pas se sentir laissés pour compte par la réforme en cours. C’est à eux que la réforme doit être dédiée, ceux des grandes entreprises bénéficient d’un encadrement interne suffisant.

Enfin, les PME-TPE doivent s’engager dans une logique de montée en compétences afin d’assurer le renouvellement de milliers de petits patrons qui ont atteint l’âge de la retraite et qui ne trouvent pas de repreneurs tant leur entreprise repose essentiellement sur eux. La formation doit créer la génération de la relève. »

* Alain-Frédéric Fernandez est directeur du développement de Sydarta Conseil. Intervenant à la Sorbonne et à Sciences Po, il est l’auteur de nombreux livres sur la formation chez Dunod, ESF et Eyrolles. Il est également expert du projet “Passeport aquitain de compétences” et cocréateur du bilan d’étape professionnel en ligne.

Auteur

  • L. G.