La montée de la pauvreté liée à la crise économique s’est accompagnée d’une recrudescence du travail au noir. Outre les immigrants clandestins, qui ne peuvent exercer un emploi déclaré, les raisons sont à chercher du côté de la difficulté des populations les moins formées pour s’insérer dans le monde du travail. En se précarisant, le travail a en effet tendance à se décliner dans des formes qui, si elles restent légales, ne remplissent plus totalement leur rôle d’intégrateur social et économique, notamment en raison d’un revenu insuffisant.

La montée du travail au noir serait donc le revers de la flexibilisation de l’emploi. Sous la direction de François Hainard, directeur de l’Institut de technologie de Neuchâtel en Suisse, deux doctorants, Jérôme Heim et Patrick Ischer, explorent dans le détail les raisons d’un problème qui coûte cher à la collectivité, mais aussi à certaines entreprises concurrencées par le travail non déclaré. Sont notamment passés en revue les effets de seuil, tant au niveau des allocations que des impôts, qui font qu’un retour sur le marché du travail déclaré pénalise les travailleurs, car il leur fait perdre le bénéfice des aides sociales pour des salaires qui, souvent, ne leur permettent ni de vivre décemment ni d’assumer leurs dettes.

Les auteurs examinent la situation telle qu’elle prévaut en Suisse, tout en soulignant les rapports nombreux avec les pays voisins, dont la France. Leur objectif est de permettre à l’État helvétique de prendre les meilleures mesures pour endiguer le phénomène. Des résultats dont les responsables français du travail devraient pouvoir tirer le plus grand profit.

Le Travail au noir

Jérôme Heim, Patrick Ischer, François Hainard, L’Harmattan, 194 pages, 20,50 euros.