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Cadres et directions générales : le divorce

Actualités | publié le : 31.01.2012 | AURORE DOHY

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Cadres et directions générales : le divorce

Crédit photo AURORE DOHY

Les cadres se montrent de plus en plus critiques vis-à-vis de leurs dirigeants et de la stratégie de leur entreprise. Un paradoxe alors qu’ils se disent aussi engagés et satisfaits de leur travail.

Dans l’enquête intitulée “Climat social 2011” de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), rendue publique le 25 janvier, il y a une bonne et une mauvaise nouvelles. La mauvaise, c’est que l’incompréhension, voire le désaveu, des cadres vis-à-vis de leur direction générale, déjà manifeste en 2010, s’est encore accrue en 2011. Concrètement, cela signifie que seule une très faible majorité (53 %) des 3 000 cadres interrogés par Internet en juillet dernier considèrent que la stratégie de leur entreprise « va dans la bonne direction ».

En outre, moins de la moitié (45 %) d’entre eux affirment qu’ils font confiance aux dirigeants de leur entreprise, 43 % seulement estimant que ces derniers sont soucieux de l’avenir de leurs salariés et 34 % qu’ils prennent en considération les impacts humains de leurs décisions stratégiques.

Néanmoins – et c’est la bonne nouvelle –, en aucun cas cet arrière-fond critique ne semble entamer la loyauté et l’engagement des cadres à l’égard de leur entreprise. « Exprimées dans une enquête externe et anonyme, mais le plus souvent tues au sein de l’entreprise, y compris à l’occasion des différentes mesures de climat social internes, ces critiques sur le fonctionnement de leur société n’entraînent pas, ou peu, de désaffection au regard du travail mené au quotidien, celui-ci étant toujours considéré comme intéressant, voire épanouissant », souligne Pierre Lamblin, directeur du département études et recherche de l’Apec.

L’engagement : une valeur positive

Les trois quarts des sondés affirment être « engagés » vis-à-vis de leur employeur et, même lorsque ce n’est pas le cas (26 %), considèrent l’engagement vis-à-vis de l’entreprise comme une valeur positive. Pour résoudre cet apparent paradoxe, les auteurs de l’étude proposent l’hypothèse suivante : « On peut suggérer que beaucoup de cadres s’affichent d’autant plus engagés qu’ils n’adhèrent justement pas aux politiques de leur entreprise et qu’ils sont convaincus que si on leur donnait plus de pouvoir de décision, ils feraient mieux. Dit autrement, ces cadres sont engagés “malgré” ces politiques qu’ils critiquent et le sont peut-être d’autant plus que leur engagement les pose en sauveur potentiel de l’entreprise. »

La défiance affichée par les cadres à l’égard de la direction générale n’empêche en rien la qualité des relations avec leur supérieur hiérarchique direct, qui alimente la satisfaction des trois quarts d’entre eux (et représente même un motif de « satisfaction totale » pour 22 % des répondants). L’équilibre vie privée-vie professionnelle compte également au nombre des points positifs pour les deux tiers des cadres. Les niveaux de satisfaction reculent avec la rémunération (57 % de satisfaits néanmoins) et le climat général dans l’entreprise (53 % de réponses positives).

Souvent « débordés »

Plus inquiétant : plus d’un quart (26 %) des sondés déclarent se sentir « souvent débordés » et 14 % « de temps en temps ». Les cadres des fonctions communication et ressources humaines sont ceux qui expriment le plus souvent ce ressenti (32 %). Lorsqu’ils se sentent débordés, la plupart des cadres n’en parlent pas à leur supérieur hiérarchique – en dépit des bonnes relations qu’ils entretiennent majoritairement avec lui. Ils sont même 11 % à ne jamais le faire. On peut les comprendre: quand le problème est abordé, il est rare (3 cas sur 10) qu’une solution, même provisoire, en ressorte ! Selon les auteurs de l’étude, « la possibilité de trouver une solution durable à ce genre de situations est infime » : elle concernerait 4 % des cas.

Auteur

  • AURORE DOHY