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Perte de temps ou nouvelle conscience ?

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET | publié le : 24.01.2012 | MERYEM LE SAGET

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Perte de temps ou nouvelle conscience ?

Crédit photo MERYEM LE SAGET

Le consensus entre générations n’est pas encore atteint sur l’utilité des réseaux sociaux. Et si, en renouvelant notre regard, nous arrivions à nous comprendre ?

Ils passent leur vie sur Facebook avec leurs 500 amis et, pendant ce temps-là, ils ne travaillent pas. Ne nous y trompons pas, les “500 amis” se résument souvent à un premier cercle beaucoup plus restreint, qui joue le rôle d’une communauté d’appartenance. Dans un monde nettement plus éclaté et mobile géographiquement que ne l’était celui de leurs parents, les jeunes générations se constituent tout simplement une base solide, un ancrage. Saisissons cette occasion de renouveler nos façons de penser. On peut travailler autrement. Entre manager et collaborateur, il est plus utile de se mettre d’accord sur des objectifs bien définis et des échéances à respecter que de se battre de façon étroite sur une certaine définition du temps de travail.

Les relations humaines ne se vivent pas derrière un écran. C’est vrai, mais les échanges en entreprise prennent chaque jour des formes plus variées que le face-à-face traditionnel. L’animation de communautés en ligne prend une place importante. La vidéo fera bientôt partie de nos messageries instantanées. L’e-mail pourrait bien disparaître, au profit d’échanges sur les réseaux sociaux. Mais dans ce monde totalement connecté, la qualité relationnelle des conversations ne supportera plus la médiocrité. Jeunes ou moins jeunes, nous devrons tous progresser en “écologie relationnelle”. S’exprimer avec authenticité, respect et nuance, quel que soit le canal, au lieu de libérer son humeur en restant caché derrière son Blackberry devient un chantier incontournable de l’entreprise collaborative.

Il faut fermer l’accès à tous ces réseaux pour des raisons de sécurité. C’est vrai que les managers en charge de la sécurité de l’information se font quelques soucis. Mais si les collaborateurs ne peuvent pas accéder à leurs réseaux favoris par leur ordinateur, ils le feront de toute façon à partir de leur smartphone. Comment collaborer efficacement avec les autres services de l’entreprise sans poster des témoignages, ajouter des photos, se parler librement en vidéoconférence, émettre des commentaires ? Une chose est sûre : savoir ce que font les autres et interagir avec eux sur les sujets du métier est le garant d’une meilleure vision de chacun sur l’entreprise. Les organisations qui l’ont compris accélèrent actuellement le développement de leurs réseaux sociaux internes, avec des fonctionnalités proches de ce que les collaborateurs connaissent à l’extérieur.

En fait, l’usage des réseaux sociaux constitue le meilleur cours de systémie qui soit. On interagit avec d’autres personnes aux quatre coins du monde, on partage son expérience ou son expertise avec des communautés d’intérêt, on se vit “citoyen du monde”. Je crois vraiment que les réseaux sociaux sont comme un vocabulaire. Par l’usage que nous en faisons, nous élaborons progressivement une grammaire et, comme au piano, à force de faire des gammes, nous développons une aisance dans ce nouveau langage. De ces pratiques pourrait émerger une nouvelle façon de penser, plus interdépendante, créative, capable d’inventer des solutions pour demain. De nombreux scientifiques avaient déjà entrevu cette révolution planétaire. Peter Russell, dans The Global Brain, décrivait il y a trente ans cette irrigation en information de la planète et prévoyait sa capacité à produire un changement de conscience. Maintenant est venu le temps de construire cette conscience planétaire à la hauteur de notre idéal.

Auteur

  • MERYEM LE SAGET