La France d’en bas commence à gronder de plus en plus contre les riches. Ce mécontentement croissant s’explique par le fait que les sacrifices auxquels on invite le pays touchent davantage les classes moyennes. Cette colère se nourrit pourtant d’une injustice que la majorité des Français continuent largement de sous-estimer. Thierry Pech, directeur de la rédaction du mensuel Alternatives économiques, ne se contente pas de rétablir la vérité sur l’ampleur du fossé social, il explique de manière très brillante pourquoi nous sommes en partie responsable du creusement de celui-ci.

Plutôt que de désigner un bouc émissaire, il préfère rappeler comment les citoyens attachés à l’héritage et opposés à un impôt perçu comme confiscatoire sur les plus hauts revenus ont fait le lit de ce qu’ils dénoncent aujourd’hui. De même, l’antienne de la méritocratie a permis d’imposer comme une évidence des salaires mirobolants à certains, dont la justification économique est encore à trouver. De plus, notre société a tendance à très vite oublier ce qu’on doit aussi bien aux autres qu’à l’État. Or, les grandes fortunes ont les moyens de se dédouaner de toutes leurs obligations en passant d’un pays à l’autre.

Les retombées économiques de l’effort entrepris par le pays pour éviter la fuite à l’étranger des grandes fortunes sont encore attendues. La crise actuelle est, pour l’auteur, directement corrélée aux errements idéologiques qui ont permis aux plus riches de s’enrichir sur le dos des autres citoyens en perte de pouvoir d’achat.

Le Temps des riches

Thierry Pech, Seuil, 396 pages, 15 euros.